mardi 23 septembre 2025

La fin annoncée du « late-night » américain : quand l'« humour » se heurte à la désaffection du public

Télévision. Aux États-Unis, les émissions de divertissement de fin de soirée, autrefois un pilier de la culture télévisuelle, traversent une crise majeure. La suspension de l’émission Jimmy Kimmel Live! par ABC, après des propos jugés choquants sur l’assassinat de l’activiste conservateur Charlie Kirk, illustre une perte de repères qui dépasse la simple baisse d’audience.

Une suspension symbolique

La chaîne ABC, propriété de Disney, a annoncé la suspension de Jimmy Kimmel à la suite des pressions de deux groupes de médias puissants, Nexstar et Sinclair, qui possèdent un grand nombre de stations affiliées locales d’ABC (il s'agit de chaînes régionales qui rediffusent des programmes nationaux). Ces groupes ont décidé de retirer l’émission de leurs grilles. Le PDG de Disney, Bob Iger, aurait lui-même pesé dans la décision.

Jimmy Kimmel, présentateur d'un des ces émissions de fait de soirée, connu pour son ton corrosif, avait récemment censément plaisanté à propos de l’assassinat de Charlie Kirk, une figure conservatrice américaine. Il avait alors déclaré «  Nous avons atteint de nouveaux sommets ce week-end, avec le gang MAGA qui tente désespérément de présenter ce jeune qui a assassiné Charlie Kirk comme quelqu'un d'autre qu'un des leurs, et qui fait tout ce qu'il peut pour en tirer un avantage politique ». Alors que ce présumé assassin était alors un radical de gauche, pro-LGBT, avait un amant transsexuel et s'insurgeait contre la « haine » qu'aurait propagée Charlie Kirk. Voilà un humoriste déchaîné à l'imagination débordante. Ou un militant qui délire en se croyant comique. Le public semble avoir peu apprécié.

Des audiences en chute libre


Au-delà de la polémique, cette suspension survient dans un contexte de déclin accéléré du late-night. D’après le site spécialisé LateNighter, Jimmy Kimmel Live! a perdu près de 80 % de son public depuis 2015, année où l’émission a été déplacée à 23 h 35. Les données de Nielsen — l’équivalent américain de Médiamétrie — montrent que la part de marché de l’émission chez les 18-49 ans, la cible privilégiée des annonceurs, est passée de 0,68 en 2013-2014 à seulement 0,16 en 2024-2025. L'audience totale de ces émissions est 3 à 4 fois plus grande que celle des seuls 18-49 ans.

Pour comparaison, The Late Show de Stephen Colbert plafonne à 0,18 et The Tonight Show de Seth Meyers à 0,13. Autrement dit, moins d’un téléspectateur sur mille de la tranche d’âge reine regarde encore ces programmes. Que font les autres ? Beaucoup consomment de la diffusion en ligne (Netflix, YouTube, TikTok), ou se détournent tout simplement d’un humour jugé prévisible et trop politique.


Des pertes colossales


Selon le média américain Puck, des sources internes à CBS estiment que The Late Show with Stephen Colbert perdait déjà plus de 40 millions de dollars par an. Autrement dit, même l’émission la plus regardée de la tranche horaire s’est transformée en gouffre financier. Ces chiffres laissent penser que les difficultés ne sont pas isolées, mais généralisées à tout le secteur du late-night.

Immigration, la sécurité routière et les routes misent en danger par les camionneurs illégaux

« La sécurité du public va en diminuant » : des camionneurs dénoncent l'embauche de chauffeurs illégaux, qui constituent selon eux une menace pour la sécurité routière. Le surpoids de leur véhicule défonce également (un peu plus) les routes du Québec.

dimanche 21 septembre 2025

Lien croissant entre mariage, fécondité et appartenance politique


Les femmes conservatrices nées entre 1975 et 1979, qui ont fini d'avoir des enfants, ont une descendance totale de 2,1 enfants, ce qui correspond exactement au taux de remplacement. Les femmes modérées du même groupe d'âge ont eu 1,8 enfant, alors que les femmes progressistes n'en ont eu que 1,5. Les écarts sont moins importants entre les conservatrices nées entre 1985 et 1989, qui ont un taux de fécondité final de 2,1, tandis que les modérées ont un taux de 1,9 et les libérales de 1,7. Les femmes conservatrices nées entre 1995 et 1999 n'ont eu jusqu'à présent que 0,7 enfant, soit le même nombre que les modérées. Les libérales de la même cohorte ont jusqu'à présent une moyenne de 0,4 enfant. Il ne faut pas exagérer les différences entre les femmes conservatrices et libérales. Les taux de natalité sont plus faibles pour tous les groupes par rapport à la fécondité avant 1975. Les taux de mariage sont également plus faibles pour tous les groupes. Cependant, les différences sont suffisamment importantes pour que les partis finissent par séduire des électorats manifestement différents.

Télé publique — Hommage funèbre à Charlie Kirk assassiné rappellerait les manifestations nazies

Réaction de Mathieu Bock-Côté à la diabolisation entourant Charlie Kirk, la fabrique du mensonge. 

Réaction de Pascal Praud et de ses invités à cette émission.

 

Note : Jimmy Kimmel, le « censuré », mentionné dans l'extrait ci-dessus est de retour sur les ondes, mais certains réseaux affiliés importants disent ne pas vouloir le diffuser et remplaceront l'émission de Kimmel par une autre émission (de nouvelles notamment).


Billet du 22 septembre

Pour une experte de Franklin Roosevelt, Judith Perrignon, à la télévision publique française France 5, l’hommage funèbre à Charlie Kirk assassiné rappellerait les manifestations nazies. 

La spécialiste de Franklin Roosevelt qui lance cette comparaison devrait se souvenir que les nazis américains ne sont pas les seuls à avoir rempli le Madison Square Garden. Roosevelt lui-même en 1936 le fit devant plus de 20 000 personnes. Il termina son discours de campagne avec une attaque contre les Républicains : ce « gouvernement qui n’entend rien, ne voit rien et ne fait rien », la foule se déchaîne alors. Regarder sur Getty Images.

Photographie de 1936 lors de la réunion de F. D. Roosevelt au Madison square Garden (Associated Press, image reprise par le New York Times)


La veuve de Charlie Kirk devant le stade, « Père, je pardonne ce jeune homme », assassin de mon mari.

Les nazis américains ont quand même beaucoup changé…

Pour plus de contexte, on trouvera ci-dessous les 14 premières minutes de cette émission où tout le monde semble d'accord.

Mme Perrignon reparle à la fin de cet extrait aux sujets des « propos radicals » [sic] de Charlie Kirk.

À la 5e minute, Jeanne Brun, historienne de l'art, souligne que le nom de l'association de Charlie Kirk était Turning Point qu'elle traduit par point de bascule. Pour elle, Turning Point lui évoque, dans le vocabulaire de l'Apocalypse qui est (serait) utilisé par ce courant, l'eschatos (ἔσχατος) souvent traduit par la fin (c'est exact) mais pour elle en réalité ce mot signifierait le seuil. Et donc Charlie Kirk par le nom de son association évoquait sans doute l'Apocalypse.

L’analyse de Jeanne Brun repose sur du sable. « Turning Point » signifie un tournant, virage, un moment où l’on change de cap — donc précisément l’inverse d’une apocalypse, qui est une fin sans retour. Plaquer une pseudo-érudition grecque en transformant eschatos (ἔσχατος, « dernier, ultime, fin ») en « seuil » est une erreur grossière. On aboutit à une lecture contradictoire, où un nom évoquant un redressement devient artificiellement une prophétie de catastrophe. Turning point est un expression courante aux États-Unis, banale même, sans connotation apocalyptique. Mme Brun fait de l’herméneutique de pacotille. C’est moins de l’histoire de l’art que de la surinterprétation idéologique.

(Ci-dessous la définition du dictionnaire de référence du grec ancien, le Bailly:

Les études qui prouveraient que « la majorité des meurtres viennent de l'extrême droite »


Dans son édition du samedi 20 septembre, le Journal de Montréal a publié cette infographie. Elle cherche à montrer que la violence aux États-Unis serait le fait de l’extrême droite.

L’infographie qui circule — titrée « 12 meurtres politiques par an » — se présente comme une synthèse factuelle de la violence politique aux États-Unis. Un examen attentif de sa méthodologie et de ses choix de présentation révèle pourtant une série de décisions éditoriales et techniques qui biaisent profondément l’interprétation des données. En mode enquêteur : ce que montre l’image, ce qu’elle tait, et pourquoi cela importe.

1) L’exclusion des attentats du 11-septembre n’est pas neutre : elle redéfinit la hiérarchie des menaces

L’infographie indique explicitement avoir exclu les attentats du 11 septembre 2001. Ce n’est pas une simple note de bas de page : ce choix efface près de 3 000 victimes d’un seul événement, le plus meurtrier de l’histoire terroriste américaine, et modifie en profondeur la répartition des victimes entre catégories idéologiques. Des analyses qui intègrent ces morts montrent que la part du terrorisme islamiste devient écrasante par rapport aux autres catégories ; l’exclusion transforme donc l’économie même du message visuel et constitue une décision méthodologique majeure qui devrait être justifiée et expliquée — or ce n’est pas le cas ici.

L’infographie mentionne explicitement qu’elle exclut ces événements, qui ont causé près de 3 000 morts, pour se concentrer sur un total de 618 homicides idéologiques de 1975 à 2025. Cette décision arbitraire réduit artificiellement la part de l’islamisme radical dans les violences (indiquée à 23 %), alors que l’inclusion du 11 septembre porterait ce chiffre à des niveaux bien plus élevés — potentiellement plus de 80 % des victimes totales, selon des analyses comme celle du même Cato Institute cité par le Journal de Montréal.

Parts (%) — avant et après inclusion du 11-septembre
Effectifs et parts pour la période 1975–2025.
Catégorie Effectif
(excl.
11-sept.)
%
(excl.
11-sept.)
Effectif
(incl.
11-sept.)
%
(incl.
11-sept.)
Extrême droite 389 62,94 % 389 10,82 %
Islamisme radical 142 22,98 % 3 119 86,76 %
Extrême gauche 62 10,03 % 62 1,72 %
Autres/inconnu 25 4,05 % 25 0,70 %
Total 618 100,00 % 3 595 100,00 %

2) Les pourcentages affichés reposent sur des classifications peu documentées et parfois arbitraires

L’infographie attribue 63 % des homicides à « l’extrême droite », 23 % à « l’islamisme radical » et 10 % à « l’extrême gauche ». Ces chiffres semblent simples ; ils ne le sont pas. Les bases de données sur les crimes « extrémistes » diffèrent fortement selon leurs critères de classement : comment classer un homicide commis par une personne qui a tenu des propos haineux mais dont le mobile est familial ? Comment traiter une attaque collective liée à des émeutes ou à des mouvements sociaux qui ne se traduit pas par des homicides individuels ? Comment classer l’attaque d’une club homosexuel (comme à Colorado Springs, 5 tués) par une personne qui aurait tenu des propos néonazis mais se dit non-binaire (et donc partie de la coalition LGBTQ2SAI+) ? Celle d’un homme torturé par sa non-binarité ou son idéologie d’extrême droite?  Les recherches reconnues montrent que la décision de coder un acte comme « idéologique » dépend d’un faisceau de critères (motifs avérés, revendications, affiliations, preuves documentaires) et que, selon ces critères, le poids de chaque catégorie peuvent varier notablement. Sans exposition claire du protocole de classification, les pourcentages de l’infographie ne sont pas vérifiables.

Par exemple, des meurtres domestiques ou crapuleux sont parfois classés comme « extrémistes » si le meurtrier a un tatouage néonazi, même si son acte sans lien direct avec une motivation politique.

À l’inverse, les violences de l’extrême gauche, comme celles associées à des émeutes ou à des groupes antifascistes, sont souvent sous-représentées parce qu’elles ne culminent pas toujours en homicides isolés, mais en destructions massives ou en blessures collectives — pensons aux émeutes de 2020 liées au mouvement Black Lives Matter, qui ont causé des milliards de dollars de dommages sans être comptabilisées ici.

Ainsi, quand un auteur est musulman, noir ou lié à l’extrême gauche, les politiciens, les médias et certains organismes (comme l’ADL) nuancent, ergotent, finassent et hésitent à cataloguer les meurtres comme motivés idéologiquement.

Musulmans : Des attaques comme celles de San Bernardino (2015, 14 morts) ou le club gay Pulse (2016, 49 morts) par des individus revendiquant l’État islamique sont parfois cataloguées comme des loups solitaires psychologiquement instables dans les premiers rapports, surtout si le mobile est flou ou si la radicalisation semble récente. Pourtant, des enquêtes (notamment le FBI en 2016) ont montré que leurs auteurs, Syed Farook et Omar Mateen, avaient des liens avec des réseaux djihadistes en ligne. Le terme « loup solitaire » est préféré pour des raisons politiques : éviter d’alimenter l’islamophobie ou de renforcer les politiques anti-immigration, un sujet sensible aux États-Unis depuis le 11-septembre.

Noirs : Dans des cas comme la tuerie de Dallas (2016, 5 policiers tués) par Micah Xavier Johnson, motivée par la colère contre les brutalités policières (influencée par Black Lives Matter), les autorités ont hésité à parler d’idéologie, préférant évoquer une « vengeance personnelle » ou un « trouble mental ». Pourtant, Johnson avait étudié des tactiques militaires et ciblé des Blancs, ce qui suggère une intention raciale évidente. On préfère alors ne pas parler de « terrorisme » pour des raisons politiques (morales diront ceux qui pratiquent cette discrimination) : ne pas stigmatiser une communauté particulière.

Extrême gauche : Des incidents comme les émeutes de Minneapolis (2020, liés à des groupes anarchistes ou antifas) ou l’attaque de Kenosha (2020, Kyle Rittenhouse visé par des militants de gauche) sont rarement qualifiés de « terrorisme idéologique », même si des manifestes ou des slogans (ex. : « ACAB »," Tous les flics sont des salauds ») indiquent une motivation politique. On parle plutôt de « troubles sociaux » ou de « déséquilibrés », surtout si les actes ne tuent pas directement. Deux civils blancs furent tués pendant ces « troubles ».

3) La comparaison internationale sans ajustement démographique est fallacieuse

La comparaison avec le Canada est un autre exemple flagrant de statistiques sélectives et trompeuses. L’infographie vante le fait que le Canada « recense beaucoup moins » de meurtres idéologiques (26 entre 2014 et 2021), contre une moyenne de 12 par an aux États-Unis. Mais elle omet complètement l’ajustement par habitant, ce qui est une faute méthodologique grave. Avec une population américaine d’environ 347 millions contre 41 millions au Canada (soit un peu moins de 9 fois plus), le taux par habitant aux États-Unis est en réalité inférieur : environ 0,039 homicide idéologique par million d’habitants par an, contre 0,085 au Canada pour la période récente (la population a crû pendant cette période nous avons donc pris une population moyenne pendant les périodes moyennes).

Des études comparatives, comme celles du Fraser Institute, montrent même que les taux de criminalité violente au Canada augmentent plus vite que aux États-Unis ces dernières années, contredisant l’image idyllique présentée ici. 

Cette omission transforme une différence absolue (logique vu la taille des pays) en une critique implicite de la société américaine, sans contexte démographique, ce qui relève de la malhonnêteté intellectuelle.

4) La dichotomie gauche/droite aux extrêmes est-elle réellement pertinente ?

L’usage de la grille gauche/droite dans la classification des violences politiques relève souvent d’un réflexe commode, mais scientifiquement fragile. Elle ne permet pas de rendre compte de la complexité des motivations et des logiques d’action.

Prenons le cas du pic de 1995 : l’attentat d’Oklahoma City (168 morts), commis par Timothy McVeigh. Celui-ci n’était pas un « conservateur social » typique, encore moins un militant républicain. Athée, hostile aux institutions religieuses, il ne défendait pas la famille traditionnelle mais se vivait comme un anarchiste radical anti-étatique, animé par une vision libertarienne de l’individu armé contre un État fédéral jugé envahissant. Classer McVeigh comme un terroriste « d’extrême droite » est donc une simplification abusive, qui gomme la nature fondamentalement anti-autoritaire de son idéologie.

Plus largement, l’histoire montre que les grands totalitarismes du XXe siècle ne se laissent pas enfermer dans le spectre classique gauche/droite. Le national-socialisme et le bolchevisme, tous deux révolutionnaires à leur manière, partagent des traits communs : culte du chef, hiérarchie militarisée, contrôle absolu de l’État, effacement des contre-pouvoirs, et volonté d’éradication de toute opposition. En URSS, après les expériences libertaires des années 1920 (divorce facile, émancipation des femmes, libéralisation sexuelle), le régime stalinien a fini par réprimer sévèrement ces libertés, abolissant même la libéralisation du divorce et criminalisant l’homosexualité — preuve que les catégories « gauche/libertaire » et « droite/conservatrice » ne sont pas stables mais évolutives.

On observe aussi que certains mouvements dits « de droite » empruntent des thèmes traditionnellement associés à la gauche. Le Rassemblement National, en France, tout en étant étiqueté comme parti « d’extrême droite », défend un État-providence renforcé, un protectionnisme économique et un discours anti-élitiste. Cette plasticité idéologique illustre à quel point le populisme contemporain dépasse le cadre binaire gauche/droite.

Dès lors, on peut légitimement s’interroger : le recours à cette dichotomie dans les bases de données et les infographies sur la violence politique ne relève-t-il pas moins d’une exigence scientifique que d’une commodité rhétorique ? En particulier lorsqu’il permet, par effet de cadrage, d’associer mécaniquement les violences anarchistes ou anti-étatiques à « la droite », ce qui contribue implicitement à diaboliser les conservateurs sociaux ou les républicains classiques, qui n’ont rien à voir avec ces mouvances.

5) Les bases de données de recherche nuancent la simple opposition droite/gauche/islamiste

Le graphique montre bien une répartition simple : la majorité des meurtres politiques viendraient de l’extrême droite (63 %), loin devant l’islamisme radical (23 %), la gauche radicale (10 %) et d’autres courants marginaux. Mais la recherche scientifique nuance fortement cette lecture.

En réalité, comparer la violence politique n’est pas aussi simple que de compter des pourcentages. Selon les travaux universitaires fondés sur plusieurs bases de données, les tendances varient selon les périodes et les contextes. Par exemple, l’extrême droite a effectivement produit beaucoup d’attaques dans certaines années, mais d’autres courants ont été plus marquants dans d’autres contextes. De plus, le « nombre » d’attentats ne dit pas tout : la gravité (le nombre de victimes par attaque), le profil des auteurs et le type de violence changent selon les idéologies et les époques.

En clair : réduire le phénomène à des parts fixes (63 %, 23 %, etc.) sans préciser la méthode utilisée est trompeur. Pour faire des comparaisons solides, il faut des données transparentes, des définitions partagées et prendre en compte à la fois la fréquence, la létalité et les circonstances des violences politiques.

6) Le choix des couleurs

L’infographie ne se contente pas de donner des chiffres : elle les met en scène. Le choix de représenter chaque silhouette comme 1 % du total renforce l’idée que l’extrême droite « remplit l’espace » (grande masse rouge vif), tandis que l’islamisme radical (vert pâle) semble marginalisé visuellement, alors que l’inclusion du 11-septembre aurait totalement inversé ce rapport. C’est un effet de cadrage graphique classique : la proportion choisie et la palette de couleurs dictent la lecture intuitive du lecteur plus que les chiffres eux-mêmes.

Le complotisme de la gauche progressiste

Cette semaine, trois affaires ont mis en lumière l’incapacité du camp dit progressiste à voir le réel et admettre ses erreurs. Au point de basculer dans la théorie du complot ?

Cette semaine a été marquée par différents événements venant bousculer la vision du monde du camp progressiste et remettant en cause le récit qu’il fait de notre époque. Pourtant, celui-ci a refusé à chaque fois de se soumettre au moindre examen critique, criant à la manipulation et rejetant ses responsabilités sur des figures présentées à la fois comme maléfiques et toutes puissantes. Quitte à flirter avec les théories du complot.

Commençons par l’affaire France Inter. La révélation des propos tenus par Thomas Legrand et Patrick Cohen avec des cadres du Parti socialiste a mis en lumière de manière éclatante l’instrumentalisation de l’audiovisuel public par les journalistes de gauche. Ainsi que leur hégémonie au sein d’un média financé par le contribuable. Après la suspension de Thomas Legrand, on pouvait espérer que les médias publics procéderaient enfin à leur autocritique. Au lieu de cela, le directeur éditorial de Radio France a vu derrière l’affaire la main d’un certain Vincent Bolloré. Et peu importe si le magazine L’Incorrect, qui a diffusé l’enregistrement, n’a aucun lien avec « la galaxie Bolloré ». 

Le deuxième événement, le plus tragique, a été l’assassinat de l’influenceur trumpiste Charlie Kirk en plein meeting d’une balle dans le cou. Très vite, il n’a fait guère de doute que celui-ci avait été visé mortellement pour des raisons idéologiques par un individu proche des idées de la gauche radicale. Le camp progressiste allait-il enfin prendre ses distances avec le wokisme et dénoncer la dérive politique de certaines universités américaines ? Il n’en fut rien. On tenta même une nouvelle fois de faire porter le chapeau au camp conservateur. C’est Libé qui a fait sa une avec Donald Trump l’accusant de propager la violence. C’est la journaliste Marion Van Renterghem qui soulignait sur X : « L’assassin de Charlie Kirk est le fils d’une famille Républicaine, Trumpiste, conservatrice, Blanche, chrétienne, totale Maga. » Oubliant de préciser que des messages « antifascistes » avaient été retrouvés sur les munitions de l’assassin…

Enfin, en Angleterre, le succès (plus de 100 000 manifestants, voir la vidéo du quotidien de gauche The Guardian ci-dessous) de la grande marche pour la liberté d’expression, à l’initiative de l’activiste nationaliste Tommy Robinson, a confirmé la révolte d’une partie des Européens contre l’immigration de masse et le politiquement correct. Mais pour certains observateurs, ces manifestations étaient avant tout le fruit de l’argent russe !



Bolloré, Trump, Poutine : la trinité diabolique du camp progressiste. Tous trois sont des personnages très différents : Poutine mène une guerre en Ukraine quand Trump a été élu démocratiquement tandis que Bolloré a simplement eu l’outrecuidance de bousculer l’hégémonie médiatique de la gauche. Cependant, pour une certaine bienpensance, il suffit de prononcer l’un de ces trois noms pour clore tout débat. C’est la nouvelle reductio ad Hitlerum. Tous trois se voient prêter une influence démesurée. Comme si à eux seuls, ils pouvaient configurer une réalité hostile. Faut-il vraiment voir leur ombre derrière chaque événement ? En vérité, l’obsession des progressistes pour ces trois personnages révèle que l’accusation de complotisme souvent proféré par le centre et la gauche à l’égard des partis dits populistes mérite peut-être d’être retournée. Le parti du déni a cédé la place à celui du conspirationnisme mondain.

Québec songe à réduire les prestations d’aide sociale données aux « réfugiés »

« Non, je ne ferme pas la porte », a déclaré la ministre responsable de la Solidarité sociale et de l’Action
communautaire Chantal Rouleau (ci-contre) à l’entrée du conseil des ministres mercredi.

Lorsqu’une journaliste lui a demandé si elle comptait réduire les prestations d’aide sociale des nombreux demandeurs d’asile, elle a également répondu qu’« on est en train de réfléchir et de travailler sur des façons de faire pour mieux équilibrer » les dépenses consacrées à ce poste.

En juin, le ministre de l’Immigration Jean-François Roberge brandissait cette solution, dans l’éventualité où le nouveau gouvernement Carney ne répondrait pas aux demandes du Québec de réduction de l’immigration temporaire. « Je ne peux pas l’exclure […] si Ottawa ne fait pas le travail, qu’on soit obligé de revoir le panier de services », disait le ministre en marge de l’annonce de la planification de l’immigration au Québec pour 2026-2029.

« Le statu quo n’est pas tenable ni pour les services publics ni pour les finances publiques. Je pense aux Québécois là-dedans qui disent qu’ils habitent ici, qu’ils payent des impôts et qu’ils ont de la misère à voir leur médecin, que mon fils ou ma fille est dans une classe d’enseignement modulaire, qu’il n’a pas d’enseignant légalement qualifié, que c’est pas leur plan A… On doit avoir une équité pour les Québécois », plaidait-il.

Remue-méninges

La question est restée en délibéré durant l’été. Mais à la suite d’un remue-méninges tenue au gouvernement avant le remaniement ministériel pour déterminer la feuille de route de la dernière année du mandat caquiste, elle est revenue de l’avant.

En matinée, François Legault a d’ailleurs été questionné sur la position difficile de la CAQ dans les sondages – loin derrière le Parti québécois et le Parti libéral. « On veut, avec l’équipe que j’ai nommée, poser des gestes concrets et arriver avec des résultats dans les prochains mois », a dit le premier ministre. Il a énuméré ses priorités : réduire le fardeau fiscal, donner un traitement-choc à la bureaucratie, améliorer la sécurité des Québécois et « réduire le nombre d’immigrants temporaires à Montréal et Laval ». Ce sont ces gestes concrets qui vont, croit-il, changer l’image que les Québécois ont de lui et de son gouvernement.

L’automne dernier, l’idée de couper les chèques d’aides sociales des demandeurs d’asile avait pourtant été exclue par la CAQ. Une réduction du chèque d’aide sociale, « ce n’est pas quelque chose que l’on considère actuellement », a disait M. Legault.

En 2024, plus de 500 millions de dollars en aide sociale ont été versés aux demandeurs d’asile. 

samedi 20 septembre 2025

Exil des chrétiens d’Orient : une fatalité ?

Les paroles apaisantes du nouvel homme fort de Syrie, Ahmed al-Chaara, ne suffisent pas à rassurer. Sans sécurité, les communautés chrétiennes seront tentées plus que jamais par l’exode. Un texte par Benjamin Blanchard,  directeur général de SOS Chrétiens d’Orient.

Au début de l’été, j’étais en Syrie. C’était ma première visite dans ce pays depuis la révolution qui a vu, en décembre 2024, la victoire et l’arrivée au pouvoir de djihadistes. Je suis arrivé quelques jours après l’attentat de l’église Saint-Élie de Damas. Le dimanche 22 juin dernier, souvenons-nous, un djihadiste a fait sauter sa ceinture d’explosifs en pleine messe, laissant derrière lui 25 morts, plus de 60 blessés et une église largement endommagée.

Syrie — Au moins 20 morts dans un attentat contre une église grecque-orthodoxe

Pour les chrétiens de Syrie, ce lâche attentat est particulièrement douloureux et inquiétant. Jamais, même au plus fort de la guerre, ils n’avaient connu un tel drame. Dans son sermon à l’occasion des funérailles des victimes, le patriarche d’Antioche des Grecs orthodoxes, Jean X, n’a pas manqué de le rappeler. Il a surtout vivement demandé « la sécurité et la paix » pour tous les Syriens et, parmi eux, pour les chrétiens. Parce que sans sécurité, ces derniers ne pourront faire face aux multiples groupes djihadistes qui pullulent dans le pays, sèment la terreur et cherchent à les faire partir de Syrie. « Les Alaouites à la mer, les chrétiens à Beyrouth », clamait-on déjà dans les manifestations il y a presque quinze ans.

Les paroles apaisantes du nouvel homme fort de Syrie, Ahmed al-Chaara, ne suffiront pas à rassurer. Sans sécurité, à Damas, à Alep ou Homs, au sein des communautés chrétiennes, largement affaiblies par l’émigration, la tentation de l’exil se posera plus que jamais. Et derrière elle, celle de la disparition définitive des chrétiens d’Orient…

Mon propos semble excessif ? Il ne l’est pas. D’un point de vue purement arithmétique, le constat est déjà plus qu’alarmant : les chrétiens d’Orient sont de moins en moins nombreux sur les terres qui ont vu naître le christianisme.

Trois exemples. En Syrie, avant la guerre, les chrétiens étaient 1,5 million. Ils ne sont plus qu’entre 400000 et 700 000… En Irak, on compte aujourd’hui entre 150 000 et 180 000 chrétiens, installés principalement dans la région autonome du Kurdistan irakien. Ils étaient 1,2 million il y a vingt-cinq ans. Enfin, au Liban, s’il n’existe pas de chiffres fiables, force est de constater que le poids démographique des chrétiens s’érode un peu plus chaque année. La pauvreté, les guerres, les persécutions sont passées par là, avec comme conséquence, notamment, l’exil, l’arrachement à la terre natale pour de nombreuses familles. L’histoire montre d’ailleurs que ce n’est pas la première fois que les chrétiens de ces contrées orientales sont forcés au départ définitif. Ainsi, à partir de 1915, des centaines de milliers d’Arméniens fuient leurs génocidaires turcs et fondent une puissante diaspora partout dans le monde. Plus récemment, il y a seulement deux ans, l’Artsakh a été vidé, en quelques jours, de toute sa population chrétienne.

Aujourd’hui comme hier, la question de l’avenir des populations chrétiennes en Orient se pose. C’est pour cela que SOS Chrétiens d’Orient réunit, à Paris, le 11 octobre prochain, spécialistes, universitaires, diplomates, religieux mais aussi hommes et femmes de terrain, autour de la question suivante : l’exil des chrétiens d’Orient est-il une fatalité ?

Il s’agira de répondre, par des rappels historiques, des analyses géopolitiques, des témoignages, des exemples de chrétiens ayant fait le choix du retour dans leur pays d’origine, à cette question existentielle des chrétientés orientales. 


vendredi 19 septembre 2025

Les jeunes Américains font moins l’amour : deux études éclairent les causes


Le constat est clair : la vie sexuelle des jeunes adultes américains recule depuis deux décennies. Une étude montre que la baisse des fréquentations amoureuses (la formation de couple, le mariage) et la diminution de la consommation d’alcool expliquent l’essentiel du phénomène, bien plus que les écrans ou l’anxiété. Récemment, pour une seconde étude, le déclin du mariage expliquerait une bonne partie de la baisse.

Les jeunes adultes américains ont moins de rapports sexuels qu’il y a vingt ans. C’est le constat d’une étude publiée dans le Journal of Marriage and Family, qui s’est penchée sur les comportements intimes des 18-23 ans entre 2007 et 2017.

Alors que l’on avait souvent évoqué l’omniprésence des écrans, la pression économique ou encore l’anxiété des nouvelles générations pour expliquer cette tendance, l’enquête apporte des nuances. Les chercheurs ont suivi plus de 3 200 jeunes dans le cadre d’une vaste étude longitudinale et ont identifié les facteurs qui comptent vraiment.

Le premier est la baisse de la formation de relations amoureuses : moins de couples se créent à cet âge, et cela réduit mécaniquement les occasions de rapports sexuels. Autre facteur clé : la diminution de la consommation d’alcool. Moins de soirées arrosées signifie aussi moins de rencontres ou de désinhibitions favorisant l’activité sexuelle.

Les chercheurs pointent également le recul des revenus chez les jeunes adultes (plus particulièrement les jeunes hommes) ainsi que l’essor des jeux vidéo comme facteurs secondaires mais significatifs. Ensemble, ces éléments expliquent près des trois quarts du déclin observé.


L’étude montre aussi que, à l’échelle individuelle, entrer dans une relation de couple, fréquenter l’université ou consommer de l’alcool augmentent nettement la probabilité d’avoir une vie sexuelle active.

Ces résultats invitent à dépasser les clichés sur les « générations connectées » et à regarder plus largement l’évolution des modes de vie : précarité économique, sociabilités différentes, nouvelles habitudes de loisirs. Une mutation qui, selon les auteurs, redessine profondément la jeunesse américaine.

Selon une autre étude de Lyman Stone  publiée par l'Institute for Family Studies en janvier 2025, on a observé une augmentation de la proportion d'hommes hétérosexuels n'ayant eu aucune partenaire sexuelle féminine au cours de l'année écoulée, mais celle-ci s'explique principalement par une baisse du nombre d'hommes ayant eu une seule partenaire féminine, et dans une moindre mesure par une baisse du nombre d'hommes ayant eu deux partenaires féminines. La prévalence des hommes hétérosexuels ayant un grand nombre de partenaires sexuelles féminines n'a pas changé. Ainsi, ce que nous pouvons réellement observer, ce n'est pas qu'un petit nombre d'hommes ont des relations sexuelles avec de plus en plus de femmes, mais simplement que les hommes et les femmes ne parviennent pas à former des couples : la baisse la plus importante concerne les relations sexuelles entre personnes qui n'ont eu qu'un seul partenaire sexuel au cours de l'année précédente, c'est-à-dire les relations sexuelles approximativement monogames. Cela s'explique par le fait que l'un des principaux facteurs de la baisse de l'activité sexuelle est le déclin du mariage. Les personnes mariées ont plus de relations sexuelles, et pour la plupart des jeunes adultes, le mariage intervient plus tardivement, voire pas du tout. En conséquence, l'activité sexuelle est en baisse.

Humour — Désolé d'être là (Les Québécois de souche sont-ils de trop ?)

 

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Créé par René Richard Cyr et Dominic Champagne, le spectacle se démarque des autres spectacles du Cirque du Soleil. Destiné à un public adulte.