mercredi 20 novembre 2024

Que vend Jaguar ? Plus des voitures, apparemment.

La dernière publicité de Jaguar qui se veut inventive et originale (plutôt que prévisible dans son rituel diversitaire et laid, y compris dans son choix de « modèles ») :

L'emblème de la marque, la typographie ont également changé.

Le constructeur britannique de voitures de luxe Jaguar a dévoilé un nouveau logo et une nouvelle image de marque en prévision de sa relance en tant que marque exclusivement électrique.

Le constructeur automobile, propriété de Tata Motors, lancera trois nouvelles voitures électriques en 2026, après avoir retiré les nouvelles voitures de la vente il y a plus d'un an pour se concentrer sur la réinvention de la marque.

Dans le cadre de sa refonte, Jaguar a dévoilé mardi un tout nouveau logo, ainsi qu'un nouveau design de félin « bondissant » et des slogans promotionnels tels que « adieu l'ordinaire » et « casser les codes ».

Le nouveau logo sur mesure, qui s'écrit JaGUar, « mélange harmonieusement les majuscules et les minuscules », selon la société.

Jaguar a annoncé son passage aux véhicules électriques en 2021.

La nouvelle image de marque de Jaguar comprend également un nouveau design de chat cabré, embossé sur du laiton.

Le directeur général Rawdon Glover a déclaré que le retrait des nouvelles voitures de la vente était « intentionnel », car il visait à créer une barrière entre les anciens modèles et les nouveaux véhicules Jaguar.

« Nous devons changer la perception qu'ont les gens de ce que représente Jaguar », a-t-il déclaré.

« Et ce n'est pas une chose simple et facile à faire. C'est pourquoi il est très utile d'avoir une coupure entre les anciens et les nouveaux véhicules. »

Gerry McGovern, directeur de la création de Jaguar Land Rover (JLR), a déclaré que Jaguar avait « ses racines dans l'originalité » et que son fondateur, Sir William Lyons, pensait qu'elle « ne devait être une copie de rien ».

La nouvelle marque Jaguar est « imaginative, audacieuse et artistique » et « unique et intrépide », a-t-il prétendu.

Anciens logos
Avant (à gauche), après (à droite)

Face à la dépendance aux écrans : ces parents qui reprennent les choses en main

En France, les 3-17 ans passent en moyenne 3 heures par jour devant les écrans. Les enfants reçoivent leur premier smartphone en moyenne à l'âge de 9 ans et 9 mois. Quant aux notifications, un enfant en reçoit en moyenne 236 par jour.
 
Pour évoquer les dangers d'une utilisation inappropriée des portables ou des jeux vidéo et le risque de dépression chez les enfants, nous avons lancé un appel à témoignage auprès de nos abonnés. Deux cents parents nous ont répondu. Leurs retours sont sans appel : l'écrasante majorité se sent dépassée par la gestion des écrans au sein de leur famille. Nous sommes partis à la rencontre de ceux qui ont su trouver des solutions.

Dans cette grande maison des rives bordelaises, l'ambiance est calme, apaisée. Nous sommes le mercredi après-midi, soit le jour des enfants. Il est 16 heures et le jeune Aymeric, qui est en CE1, est à son cours de poney avec son père. Seuls Alexis, en troisième, et sa mère, Caroline, sont présents pour le moment. On n'entend ni télé allumée ni jeux vidéo. Pas l'ombre d'un smartphone à l'horizon. Celui de la mère se trouve dans un petit panier, dans l'entrée. « Si les enfants n'ont pas encore de portable, on essaye de s'appliquer des règles avant qu'Alexis n'ait le sien en première. On cherche à favoriser le mimétisme », précise Caroline. En montrant l'exemple à son adolescent, les règles à respecter devraient être plus facilement appliquées, estime-t-elle. Caroline fait partie des 200 abonnés qui ont répondu à notre appel à témoignage début septembre. La question portait sur la gestion des écrans dans les familles. Beaucoup nous ont confié leur détresse et leurs dilemmes. Sans en faire une généralité, la grande majorité des parents se dit dépassée, perdue face à cette technologie et ce panel d'applications. Certaines familles ont déclaré mener une « guerre quotidienne » avec leurs enfants, comme Martin *, qui n'arrive pas à mettre de limites à son adolescent malgré les conseils de psychologues. « Il ne veut simplement pas poser le téléphone après l'heure accordée. Concrètement, que puis-je faire? » questionne désespérément l'homme d'une quarantaine d'années, originaire de Metz. Pour certains, la bataille est parfois poussée jusqu'à la rupture familiale. Paul *, de la région parisienne, en a fait les frais. Ce quadragénaire, dont la deuxième fille est complètement « scotchée » à son portable, nous a confié que les disputes à répétition ont finalement fini par atteindre son couple. Après avoir essayé de nombreuses solutions données par des professionnels, sans résultat, les parents viennent de prendre la décision de se séparer pendant un temps. Pour sortir de cette voie en apparence sans issue, nous avons décidé de donner la parole aux familles qui semblent toucher du doigt l'équilibre entre l'utilisation des écrans, qui peut être positive à certains égards, et le développement de leurs enfants. Nous les avons rencontrés pour voir comment ils parviennent à trouver un juste milieu au coeur du foyer familial. Pour les deux parents de Bordeaux, l'éducation de leurs enfants a été le fruit de « plusieurs tâtonnements », selon Alexandre. Les écrans, qui sont un réel enjeu éducatif aujourd'hui, ont pris une place centrale dans ces questionnements. D'autant qu'ils sont tous les deux professeurs - en classe préparatoire pour Caroline et dans le secondaire pour Alexandre. De par leur expérience en tant qu'enseignants, ils ont eu l'occasion d'observer l'incidence des smartphones sur la concentration de leurs élèves. « Les réseaux sociaux favorisent la sécrétion de dopamine - l'hormone du plaisir - pour un moindre effort, explique Caroline. D'où la difficulté de demander à un enfant qui vient de passer une heure devant les jeux vidéo d'apprendre ses verbes irréguliers en anglais ou de faire un exercice de maths », avance-t-elle. Dans leur salon, il n'y a pas de télé, mais les livres, eux, sont omniprésents. Une grande bibliothèque recouvre le mur principal de la salle à manger, la table est remplie de bandes dessinées. « Nous sommes une famille de lecteurs », sourit Caroline. Mais aimer lire, cela ne s'apprend pas tout seul, précise-t-elle, citant Michel Desmurget, un chercheur français spécialisé en neurosciences cognitives. Sur les conseils de l'ouvrage Faites les lire! , elle a transmis cette passion à ses enfants grâce à la lecture partagée. Elle commence le livre avec eux, ils le terminent seuls. Aymeric est encore un peu petit pour lire tout seul, et Alexis est désormais un peu trop grand. Du coup, ils profitent de ce moment à deux pour discuter.

Un sevrage qui demande des efforts

« J'essaye de les nourrir le plus possible, poursuit Caroline. Pour cela, je les accompagne régulièrement dans leurs activités. » Elle se souvient de sa première conversation avec Alexis au sujet des écrans, quand il était en CP. Caroline l'a jugé assez mature pour discuter de ce qu'il pourrait voir sur internet. Et l'alerter : « Un jour, tu tomberas sur des images qui ne sont pas belles, qui te choqueront et que tu ne voudras pas voir. Il faut que tu sois prêt à te protéger, à dire non et tu pourras venir nous en parler. » « On ne peut pas éviter que nos enfants soient confrontés à internet, mais on peut les préparer à prendre du recul par rapport à ce qu'ils vont rencontrer comme images ou comme informations », analyse-t-elle aujourd'hui. De son côté, Alexandre, qui n'est pas particulièrement fan des Monopoly ou autres jeux de société, a cherché à faire découvrir à ses fils ce qu'il aimait : la randonnée. Comme beaucoup d'enfants, ils n'appréciaient guère marcher. Aymeric a malgré tout commencé à y prendre plaisir en jouant à la guerre avec des pommes de pin. La lecture partagée, les puzzles, un panel de jeux, du sport, des séances cinéma, des expositions.... « Plus l'enfant est nourri, plus son cerveau s'enrichit. Mais, bien sûr, tout ça ne s'est pas fait du jour au lendemain. C'est parce qu'on lui a demandé des petits efforts chaque jour depuis la petite enfance qu'il pourra fournir des efforts plus tard », considère la maman.

mardi 19 novembre 2024

Canada — Demandeurs d'asile logés à l'hôtel par le gouvernement qui reçoivent 224 $ par jour pour se nourrir et se loger

Les personnes qui se prétendent réfugiées au Canada reçoivent 224 $ par jour du gouvernement fédéral pour se nourrir et loger dans une chambre d'hôtel. Cela représente 81 760 $ par an, soit 16 000 $ de plus que le salaire moyen au Canada. Ceci ne comprend pas d'autres dépenses comme les frais de santé ou de scolarité des enfants, ainsi que les frais de traitement de leur demande.




Alors que le nombre de demandeurs d'asile au Canada atteint de nouveaux sommets, une députée conservatrice a révélé qu'Ottawa consacre environ 224 dollars par jour pour nourrir et loger certains étrangers qui demandent l'asile après être entrés illégalement dans le pays.

En début d'année, la députée conservatrice Lianne Rood a téléchargé sur les médias sociaux des documents montrant la réponse du gouvernement à sa question sur les « biens et services » fournis aux étrangers qui ont demandé l'asile au Canada, mais dont la demande n'a pas encore été examinée par les services d'immigration.

Le coût moyen de l'hébergement est de « 140 dollars par nuit et par chambre », et le coût moyen des repas est de « 84 dollars par jour et par demandeur », soit un total de 224 dollars par demandeur et par jour.

Et le coût journalier peut être encore plus élevé si l'on tient compte des autres « articles essentiels » fournis gratuitement aux demandeurs, y compris « les articles de toilette, les médicaments, les couches ».

« Les demandeurs d'asile dans les hôtels gérés par IRCC (Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada), quelle que soit la manière dont ils sont entrés au Canada, sont logés et nourris une fois qu'ils sont relogés », peut-on lire dans la réponse officielle à M. Rood, signée par Paul Chiang, secrétaire parlementaire du ministre de la Diversité et de l'Inclusion.

« Le gouvernement néo-démocrate-libéral accorde dix fois plus d'avantages aux frontaliers illégaux qu'il n'en accorde aux aînés canadiens ! C'est SCANDALEUX ! », a écrit M. Rood dans la légende accompagnant un message posté le 7 mai sur X, dans lequel il téléchargeait le document.

Selon les chiffres de mai 2024 de l'IRCC, 156 032 demandes d'asile sont en cours d'examen par l'agence, mais tous les demandeurs d'asile ne se trouvent pas au Canada et ne vivent pas dans un hôtel de l'IRCC.

Alors que de nombreux demandeurs d'asile submergent les abris municipaux, le gouvernement Trudeau a récemment lancé le Programme d'aide au logement provisoire afin de « fournir un hébergement temporaire limité aux demandeurs d'asile qui, autrement, n'auraient pas d'endroit où s'abriter ».


Mathieu Bock-Côté : « La droitisation antiwoke des jeunes hommes est visible partout en Occident »

L'essayiste et sociologue québécois tire les enseignements de la victoire de Donald Trump. Il y voit une défaite majeure pour le système politique et médiatique dominant, fruit d'une insurrection populaire qui traverse toutes les démocraties occidentales. Mais pour Mathieu Bock-Côté, si la gauche woke est fragilisée comme jamais, elle n'a pas encore dit son dernier mot.

— Trump a été élu avec une avance que personne n'avait anticipée. Est-ce l'échec du totalitarisme sans le goulag que vous décriviez dans votre dernier livre? La lutte contre la prétendue extrême droite et la stratégie de diabolisation ne fonctionne-t-elle plus?


Une chose d'abord sur ce qui frappe dans cette victoire : son ampleur. Trump ne s'est pas faufilé à la Maison-Blanche comme en 2016, il a tout raflé, même le vote populaire, devant un système mobilisé comme jamais pour en finir avec lui.

Il faut revenir à l'histoire de la structuration de l'espace politique américain pour comprendre la présente séquence. Depuis les années 1990 (dans les années 1980, le reaganisme a représenté un premier réalignement politique), il y avait aux États-Unis une forte convergence entre les élites politiques démocrates et républicaines. Elles communiaient dans une même adhésion au messianisme démocratique, sacralisant le « leadership américain » dans un monde sur le chemin d'une gouvernance globale, au libre-échange, à l'immigration massive ainsi qu'à une définition civique et multiculturaliste de la nation américaine. L'alternance démocratique se déroulait donc dans les paramètres d'une idéologie dominante.

On a bien connu des insurrections populistes dans chaque parti, mais elles furent chaque fois matées.

Ce fut le cas de la révolte de Pat Buchanan dans le cadre de deux primaires républicaines, en 1992, où il parvint à imposer le thème de la « cultural war », puis en 1996, où il réaligna intellectuellement la droite populiste autour d'une critique du globalisme, de la mondialisation et de l'immigration. En 2000, il quittait le Parti républicain pour mener une campagne solitaire sans succès à la présidentielle à la tête d'un tiers parti, le Parti réformiste. Au lendemain du 11 septembre 2001, il fut même frappé d'anathème : qui ne soutenait pas la croisade bushienne en Irak était accusé de trahir son pays. Il revint ensuite chez les Républicains, mais à la manière d'un partenaire mineur, dans la mesure où ce parti s'était recomposé autour de l'alliance des néoconservateurs, de la droite religieuse et des libertariens mondialistes.

Le Parti démocrate a aussi connu une insurrection de ce genre, dans les années 2000, avec Howard Dean, et les années 2010, avec Bernie Sanders, qui a voulu renouer avec une gauche économique contre une mondialisation poussant à la désindustrialisation du pays. Il fut lui aussi maté.

Mais voilà : l'arrivée de Donald Trump en 2016 a changé la donne, dans la mesure où il est parvenu, avec sa personnalité extravagante, à s'emparer de son parti en s'appuyant sur la droite « buchananienne ». C'était le mariage des rejetés, dans la mesure où Trump, de son côté, rêvait d'appartenir à la bonne société new-yorkaise, mais fut toujours traité comme un parvenu grossier. Personne, alors, ne croyait vraiment à sa victoire. Lui-même n'y croyait pas trop. Une fois le pouvoir conquis, il a gouverné en tanguant entre les coups de menton inspirés de Steve Bannon et les politiques conservatrices classiques, portées par les anciens républicains qui s'étaient ralliés à lui. Cette gouvernance décevante n'est pas sans lien avec sa défaite en 2020, qui aurait ensuite pu signer sa mort politique avec l'émeute du Capitole.

Mais voilà, Trump n'a pas capitulé et est parvenu à renaître politiquement. Tout en misant sur une posture insurrectionnelle, canalisant la colère de l'Amérique profonde, il s'est présenté cette fois avec une équipe capable d'assurer l'exercice du pouvoir. Il est soutenu par une mouvance intellectuelle, le national-conservatisme. Il s'est aussi associé à certaines figures dissidentes majeures, qu'il s'agisse d'Elon Musk, de J.D. Vance, de Tucker Carlson ou de Robert Kennedy Jr.

Devant cette mutation populiste du Parti républicain, le Parti démocrate est véritablement devenu l'expression politique de l'oligarchie, qui s'est mobilisée derrière lui, de la gauche woke jusqu'à la droite néoconservatrice. Il a trouvé dans la défense du wokisme son liant idéologique - le wokisme, sous Joe Biden, est devenu l'idéologie officielle de la technostructure fédérale américaine, à travers l'EDI, sa traduction managériale. Il est parvenu à lever des montants astronomiques pour soutenir une candidate qui s'est imposée lors d'un putsch interne médiatiquement propulsé et légitimé, sans que jamais elle n'ait notamment à nous dire depuis combien de temps elle était consciente et témoin de l'effondrement cognitif de Joe Biden. Les médias se sont ici montrés complices d'un mensonge d'État. L'oligarchie a tout fait pour se maintenir, en inscrivant même les deux dernières semaines de campagne sous le signe de l'antifascisme. Mais l'oligarchie a échoué. L'insurrection trumpienne l'a emporté.

—  Diriez-vous que c'est le début de la fin de ce que vous appelez « le régime diversitaire »?

La victoire de Trump nous rappelle qu'on doit se méfier de l'illusion d'un verrouillage absolu du système, qu'on doit se méfier de l'illusion de son invulnérabilité. Un système antipopulaire, antinaturel, aussi, dans la mesure où il est animé par le fantasme de l'homme nouveau, finira toujours par tomber, à moins qu'il ne parvienne à fabriquer un nouveau peuple, soit en rééduquant la population, en ce moment en la zombifiant, soit en la submergeant par une population nouvelle. Chose certaine, le régime diversitaire est fragilisé. On peut toutefois s'attendre à ce qu'il se radicalise en Europe occidentale, justement pour empêcher le triomphe d'une insurrection de même nature. On le voit ainsi se mobiliser contre la « désinformation », au nom de la lutte contre les « fake news » et les « discours haineux ». La censure se radicalisera. La dissolution des groupes identitaires, la persécution bancaire ou juridique de leurs militants, annonce peut-être demain la dissolution des partis antisystème, comme on l'évoque en Allemagne.

— L'un des enseignements de ce vote est qu'une partie des minorités a été insensible, voire hostile au discours woke porté par la gauche démocrate. La volonté de la gauche « progressiste » de façonner « un homme nouveau » se heurte-t-elle finalement à des réalités anthropologiques indépassables?

On a parlé de la révolte des jeunes hommes, que la campagne de Trump a su rejoindre en misant sur les médias alternatifs, et je ne parle pas ici que de Twitter. Cette « droitisation » antiwoke des jeunes hommes est visible partout en Occident. Elle se dévoile par l'émergence d'un discours sur leur nécessaire « dématrixisation », ou dans celui plaidant, dans le même esprit, pour la pilule rouge, symbole tiré du même film, marquant la volonté de ne plus voir le monde à travers les yeux du système, et de se rebeller mentalement contre lui. On a aussi parlé de la révolte des jeunes hommes latinos, qui se sont ralliés majoritairement à lui. C'est vraiment l'élément inattendu de cette campagne. On annonçait ce ralliement depuis vingt ans : il s'est finalement concrétisé.

Les excentricités et les outrances de Donald Trump, loin d'avoir joué contre lui, semblent, au contraire, avoir été ses principaux atouts. Comment expliquez-vous ce paradoxe?

Le commun des mortels n'en peut plus d'une parole publique aseptisée, placée sous la surveillance de médias décrétant le dérapage du jour, et se donnant le rôle de distinguer les gentils et les méchants. Une parole transgressive, avec tous les excès qui l'accompagnent, peut jouer un grand rôle dans le dynamitage des interdits mentaux sur lesquels repose le régime diversitaire. J'ajoute un élément central : la liberté d'expression aux États-Unis est sanctuarisée grâce au premier amendement, que voulaient d'ailleurs réinterpréter de manière restrictive les démocrates. La mouvance populiste peut s'y développer sans subir une persécution juridique à l'européenne.

—  Si le trumpisme peut être vu comme une rupture par rapport au néoconservatisme de George Bush et même au Reaganisme, il est aussi un retour aux sources de l'idéologie et de l'imaginaire de la droite américaine. Comment s'inscrit-il dans la longue histoire de la droite américaine?

Je l'évoquais, il y a un instant : le trumpisme a renoué avec la droite buchananienne des années 1990, qui elle-même prétendait renouer avec la droite traditionnelle, antérieure au virage néoconservateur des années 1980, ou même, antérieure à sa refondation par William Buckley dans les années 1950. Cette droite autoproclamée paléoconservatrice est le chaînon manquant dans l'histoire intellectuelle du conservatisme américain. La droite trumpiste condamne le messianisme démocratique prêtant aux États-Unis une mission civilisatrice à travers le monde. Elle n'est pas isolationniste, comme on l'entend, même si elle n'est pas insensible à cette musique, mais s'oppose à l'idée d'une gouvernance globale. Elle s'oppose à l'immigration massive, et considère que la nation américaine n'est pas seulement une nation civique : elle a une culture, qui s'ancre dans l'expérience inaugurale des 13 colonies, même si le trumpisme lui-même relève davantage d'un conservatisme du « hearthland » que de la côte est. Le trumpisme est enfin un antiwokisme radical : c'est le nouveau visage de la guerre culturelle.

— En quoi peut-elle inspirer les autres droites occidentales? La victoire de Trump peut-elle faire tomber certaines barrières mentales et idéologiques dans les pays européens et singulièrement en France?

Le trumpisme n'est pas transposable intégralement, évidemment. Le système bipartite américain a permis son émergence. Il faut s'imaginer son emprise sur le GOP comme si Éric Zemmour ou Marine Le Pen s'emparaient d'un parti unissant toutes les droites et faisant accepter leur leadership à François Bayrou et Jean-Pierre Raffarin. Cela dit, le populisme s'adapte par définition à la morphologie mentale de chaque peuple, mais est toujours animé par le désir de faire éclater une structure technocratique calcifiée déformant les aspirations populaires et une pulsion insurrectionnelle au nom de l'identité profonde d'une collectivité. Cette identité est partout aujourd'hui compromise par l'immigration massive.

L'apport politique du trumpisme est ailleurs : il pose de manière neuve la question du régime, en remettant en question l'État administratif qui dispose d'un pouvoir immense et travaille la société dans la perspective de l'ingénierie sociale. Le wokisme ne pourrait se diffuser s'il n'était qu'un discours : c'est dans la mesure où il est porté par cette technostructure publique (mais aussi privée) qu'il parvient à conditionner la population. Son définancement changera la donne. L'antiwokisme est aussi essentiel dans un monde qui ne sait plus distinguer l'homme et la femme, qui a institutionnalisé le racisme antiblanc en le nommant antiracisme. Le trumpisme met aussi l'accent sur une défense intégrale de la liberté d'expression. C'est probablement là son principe le plus important.

— Donald Trump a désormais tous les pouvoirs et il peut compter sur un parti républicain aligné sur son style et son idéologie populiste. Faut-il craindre un retour de bâton autoritariste? De ce point de vue, certaines inquiétudes sont-elles légitimes?

Le personnage Trump est assurément brutal, et on le critiquera souvent, avec raison, sur bien des domaines. Il a tous les pouvoirs élus à Washington, mais il les a gagnés démocratiquement. Ne sous-estimons pas toutefois ces contre-pouvoirs majeurs que sont les États. Vous noterez, par ailleurs, que la droite américaine est bonapartiste sans le savoir en flirtant avec un certain césarisme. J'en résume l'esprit, qui évoque le Machiavel des Discours sur la première décade de Tite-Live. Une cité a trois composantes organiques : l'un, les quelques-uns, et la masse. Je traduis : César, les oligarques et le peuple. Certains théoriciens du conservatisme américain se sont convaincus de la nécessaire alliance de César et du peuple pour déstabiliser l'oligarchie et redistribuer la souveraineté. Mais n'en doutons pas un instant, l'oligarchie n'a pas dit son dernier mot. -

Source : Le Figaro Magazine

lundi 18 novembre 2024

Pour Justin Trudeau, il ne faut pas que l'urgence de payer son logement ou son épicerie l'emporte sur la lutte contre les changements climatiques

Le Premier ministre Justin Trudeau s'est entretenu le 17 novembre avec Michael Scheldrick, cofondateur du groupe de lutte contre la pauvreté Global Citizen, en marge du sommet des chefs d'État et de gouvernement du G20 à Rio de Janeiro (Brésil).

Pontifiant, il a déclaré :

Il est très, très facile, lorsque vous êtes dans une situation de survie à court terme : je dois payer le loyer ce mois-ci, je dois pouvoir acheter des provisions pour mes enfants, de dire « d'accord, accordons une priorité légèrement moindre au changement climatique ».

Et c'est quelque chose d'instinctif quand la tempête arrive, vous voulez vous blottir, vous recroqueviller et attendre qu'elle se calme. Nous ne pouvons pas faire cela avec le changement climatique. Et malheureusement, nous avons beaucoup d'amplification politique du type de récit qui est directement opposé à cela.

Les Françaises non immigrées ont d'autant moins d'enfants qu'elles ont peu de revenu disponible

En France, le taux de fécondité est positivement associé au niveau de revenu et de diplôme. Si on omet les immigrés, il s’écroule en dessous de 2000€ mensuels.

Les femmes diplômées du supérieur et disposant de 4000€ par mois sont quasiment au niveau de fécondité nécessaire au renouvellement des générations.

Selon un rapport de l’Insee, en 2023, 677 800 bébés sont nés en France, dont 639 533 en France métropolitaine Ce chiffre n’avait pas été aussi bas depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Lecture : parmi les femmes nées à l’étranger, les 20 % les plus modestes (en deçà du 1ᵉʳ quintile de niveau de vie), qui ont un niveau de vie moyen de 587 euros par mois sur la période, ont une fécondité moyenne de 2,63 enfants, d’après leur fécondité observée de 2012 à 2017 par âge et rang de naissance (ICFRA).   

 La fécondité des femmes nées à l’étranger est plus élevée que celle des femmes nées en France (figure ci-dessus). Ces écarts sont accentués en bas de l’échelle des niveaux de vie : 1,5 enfant pour les femmes nées en France contre 2,6 pour celles nées à l’étranger parmi les 20 % les plus modestes (en deçà du 1ᵉʳ quintile de niveau de vie). Alors que la fécondité des femmes nées à l’étranger diminue nettement avec le niveau de vie, celle des femmes nées en France tend à augmenter avec celui-ci. Parmi les femmes nées à l’étranger, les 20 % les plus aisées ont en moyenne 2,0 enfants, soit un niveau de fécondité proche de celui des femmes les plus aisées nées en France (1,9).

Voir les données de l'INSEE, il s'agit de niveau de vie, lequel est égal au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation (UC). Le niveau de vie est donc le même pour tous les individus d’un même ménage.

Des collèges bidon qui vendent la citoyenneté canadienne ?

Québec a autorisé plus de 12 000 étrangers à étudier dans un collège privé méconnu de Montréal, soit plus qu’à n’importe quels autres cégeps ou universités.

Le Collège Supérieur de Montréal, situé au cœur du centre-ville, accueille une minorité d’étudiants québécois.

Son modèle d’affaires est plutôt basé sur le lucratif recrutement d’une clientèle internationale souvent originaire du Maghreb et de l’Inde.

Lors de sa dernière demande de renouvellement de permis, l’établissement privé avait informé le gouvernement qu’il prévoyait accueillir seulement 1147 étudiants en 2024-2025.

Qu’à cela ne tienne, Québec a délivré un nombre record de 12 622 certificats d’acceptation du Québec (CAQ) à des étudiants admis par le Collège entre avril 2023 et janvier 2024. C’est deux fois plus que pour l’Université de Montréal et trois fois plus que pour McGill (voir tableau ci-dessous).

Le Collège Supérieur de Montréal a ainsi profité des largesses du ministère pour accueillir un maximum d’élèves étrangers. Il en compte présentement 3300. Faute de place, certains des 12 000 admis ont opté pour un autre établissement ou ont baissé les bras après que le début de leur session a été repoussé de plusieurs mois.

«Notre objectif n’a jamais été d’octroyer des lettres d’admission à un maximum d’élèves, même si aucune règle ne nous en empêche, mais plutôt d’offrir un enseignement de qualité», s’est défendu par écrit Noureddine Hajibi, directeur général du Collège.

« Impossible de refuser »

La popularité du Collège Supérieur de Montréal, un collège privé subventionné, s’explique en partie par le fait qu’il donne accès à un précieux permis de travail post-diplôme qui mène à la résidence permanente.

Plusieurs étudiants étrangers acceptent donc de payer les frais d’admission et de scolarité s’élevant à plusieurs milliers de dollars par session dans l’espoir de pouvoir immigrer au Canada de façon permanente.

Ces étudiants font partie des 600 000 immigrants temporaires présents au Québec, un nombre que François Legault veut réduire. Dans la dernière année, il a maintes fois interpellé le fédéral à ce sujet. Or, le ministère de l’Immigration du Québec a directement contribué à cette hausse en acceptant en masse les étudiants du Collège Supérieur de Montréal.

Mais pourquoi ne pas en avoir refusé plus, vu la taille du collège? Questionné par notre Bureau d’enquête, le Ministère affirme que les dispositions législatives actuelles l’empêchent de gérer les demandes en fonction de la capacité d’accueil réelle des établissements.

Des «dérapages»

Le mois dernier, le ministre de l’Immigration Jean-François Roberge a néanmoins déposé le projet de loi 74 pour mieux contrôler la venue d’étudiants étrangers, vu les «dérapages» dans le milieu.

Sans les nommer, l’élu a fait allusion à deux collèges privés problématiques.

«C’est comme si l’enseignement n’était plus une mission sociale, une mission économique, mais un modèle d’affaires pour vendre la citoyenneté québécoise et canadienne plutôt que la qualité du diplôme», a-t-il déploré en conférence de presse.

De son côté, le ministère de l’Éducation affirme que si le projet de loi est adopté, il permettra d’assurer une meilleure répartition des étudiants étrangers entre les types de formation. [Pas de limiter ce nombre ?]

L’Ontario a aussi récemment sévi contre l’industrie «d’usines à diplômes» qui s’était développée autour des collèges privés. Pour sa part, le gouvernement fédéral a annoncé dans les derniers mois des plafonds d’admissions pour les étudiants étrangers.


Nombre de certificats d’acceptation octroyés par Québec entre avril 2023 et janvier 2024
  •     Collège Supérieur de Montréal: 12 622
  •     Université Laval: 7778
  •     Université du Québec en Outaouais*: 7176
  •     Université de Montréal: 6174
  •     Collège Ellis (campus de Trois-Rivières): 6086
  •     Université du Québec à Chicoutimi**: 5453
  •     Université du Québec à Trois-Rivières: 5144
  •     Université du Québec à Montréal: 4846
  •     Université Concordia: 4744
  •     Université McGill: 3832

*pour le 1er cycle seulement

**pour les 1er et 2e cycles seulement

Source: Cahier explicatif des crédits 2024-2025, ministère de l’Immigration, de la Francisation et de l’Intégration

Qu’est-ce que le CAQ?

Un étudiant doit obligatoirement obtenir un Certificat d’acceptation du Québec (CAQ), remis par le ministère de l’Immigration du Québec, avant de demander son permis d’études au fédéral. L’étudiant peut changer d’établissement sans que son CAQ ne soit mis à jour.

Qui est derrière le Collège Supérieur de Montréal?

Le directeur général de l’établissement est Noureddine Hajibi. L’homme d’origine marocaine a occupé le même poste à l’Institut Teccart par le passé.

Sa femme, Saloua Zraida, et lui sont aussi administrateurs du Collège Supérieur de Sherbrooke et du Collège Universel, à Gatineau. Ces deux établissements privés accueillent également une grande proportion d’étudiants étrangers.

samedi 16 novembre 2024

La plus ancienne école de journalisme au monde a été rachetée par un groupe d’investisseurs conservateurs

Article du journal d'extrême gauche Libération (6,3 millions d'aides publiques en 2016) qui n'aime pas la possibilité que des journalistes échappent à une formation de gauche.

La plus ancienne école de journalisme au monde a été rachetée par un groupe d’investisseurs conservateurs, dont le milliardaire d’extrême droite [rappel, selon les gauchistes de Libé] Vincent Bolloré. Faisant craindre qu’elle ne se transforme en pépinière pour médias bollorisés.
 

La bollorisation commencera désormais dès l’école de journalisme. L’École supérieure de journalisme de Paris (ESJ Paris), la plus ancienne école de formation de journalistes au monde, créée en 1899 par l’écrivaine Jeanne Weill, alias Dick May, passe sous le pavillon d’un consortium d’investisseurs marqués à droite, parmi lesquels Bernard Arnault, Vincent Bolloré, la famille Dassault, l’ancien président du Medef Pierre Gattaz et Rodolphe Saadé.

Dans un communiqué publié ce vendredi 15 novembre, la bande [sic!], associée également au groupe Bayard Presse, a annoncé vouloir faire de cette école, qui ne fait actuellement pas partie des quatorze reconnues par la profession et qui n’a rien à voir avec la plus célèbre ESJ Lille [dont 87 % des étudiants affirmaient voter pour la gauche ou l'extrême gauche], «un haut lieu de l’excellence journalistique, un centre de formation de référence où se dessinent les contours du journalisme de demain». La nouvelle direction de l’établissement semble notamment mettre en avant une volonté de devenir une référence dans le domaine de l’enseignement du journalisme économique. Un «engagement collectif» dans le sens d’une «dynamique de renouveau», s’est gargarisé dans la foulée le JDD bollorisé, sans prendre la peine de s’éloigner un tant soit peu du communiqué – difficile de critiquer leur potentielle future pépinière de talents.

Une ancienne d’Europe 1 à la direction

Mais c’est en effet, comme le souligne l’hebdomadaire à la main du milliardaire d’extrême droite, une «nouvelle page qui s’ouvre», bien loin des valeurs de l’école des débuts, la première au monde à s’ouvrir aux femmes, soutenue par Emile Durkheim et honnie par la droite antidreyfusarde. Les étudiants, qui ont découvert le rachat ce vendredi matin par des sources journalistiques, sont sonnés. Marie (1), en master [maîtrise] de journalisme, parle d’un «sale coup au moral» qu’elle n’avait pas vu venir. Autour d’elle, certains ont certes un peu d’espoir que le rachat permette d’augmenter les moyens d’une école qui en manque, mais Marie, elle, ne «voit que des côtés négatifs». Déjà parce que c’est son argent, et celui de ses camarades, qui financent l’école : 7 000 euros l’année tout de même, et qu’elle craint l’arrivée de professeurs d’extrême droite qui viendraient bousculer ce qu’elle jugeait jusqu’ici comme un «enseignement équilibré». Ensuite parce qu’elle s’inquiète des conséquences pour sa carrière. «Ça me rend hyper triste de me dire que le truc qui sera sur mon CV toute ma vie ce sera ça. Et j’ai peur de ne pas trouver du travail quand les rédactions verront que j’ai fait la Bolloré School of Journalism. [en anglais !]»

Elhame Medjahed, ancienne présentatrice sur Europe 1, propriété de Vincent Bolloré, et jusqu’ici directrice pédagogique de l’établissement, prend la direction générale par intérim. Elle succède au spécialiste du Maroc Guillaume Jobin, qui dirigeait l’école depuis 2009. À la présidence de l’établissement, on retrouvera Vianney d’Alançon, un entrepreneur catholique trentenaire, cofondateur de la maison de joaillerie Laudate, qui fabrique des médailles de baptême et les vend à Lyon et Versailles, comme le racontait le Monde en 2017. L’homme est surtout châtelain de La Barben (Bouches-du-Rhône), où il a implanté le parc d’attractions historique Rocher Mistral, sorte de Puy-du-Fou provençal à la vision historique plus que contestable. Selon nos informations, c’est lui qui est à l’origine du tour de table rassemblant le gratin du capitalisme français. En mai, le magazine Challenges faisait état de négociations pour céder l’école pour un montant entre 2 et 3 millions d’euros.

L’école a pu avoir ces dernières années une réputation sulfureuse [dans les milieux de la gauche radicale], employant par exemple comme professeurs le controversé journaliste indépendant Jean-Paul Ney ou la reporter russophile [?] Anne-Laure Bonnel. L’ESJ Paris entretenait par ailleurs ces derniers temps un tropisme pour le Moyen-Orient, avec une filière orientée vers le marché des médias des pays arabes. Quelle sera désormais sa future ligne ? La nouvelle équipe de direction sera connue en janvier, et l’école devrait bientôt quitter la rue de Tolbiac, dans le XIIIe arrondissement de Paris, pour des nouveaux locaux. Contactée, la nouvelle directrice n’a pour l’heure pas répondu aux sollicitations de Libération.

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