samedi 8 février 2025

« Ce n’est pas l’expression qui engendre la violence, mais l’interdiction du débat qui alimente la radicalisation »

Le Figaro a publié un grand entretien avec Peggy Sastre, docteur en philosophie des sciences, spécialiste de Nietzsche et de Darwin. Elle a publié « Ce que je veux sauver » (Anne Carrière). Elle est également journaliste au « Point ». Peggy Sastre Chaque fois que la liberté d’expression a été sacrifiée à la stabilité, c’est la démocratie elle-même qui a fini par s’effondrer souligne l’essayiste, qui plaide pour une liberté de parole maximale et souligne l’inefficacité de la censure.


LE FIGARO. — On débat beaucoup en ce moment de la liberté de parole qui s’exerce sur les réseaux sociaux et qui serait, selon certains, une menace pour la démocratie. Est-ce que, selon vous, il y a une différence culturelle entre la liberté d’expression « à l’américaine » et celle qui est développée en Europe ?

PEGGY SASTRE. — Oui, il existe une différence fondamentale entre la conception américaine et européenne de la liberté d’expression. Aux États-unis, la liberté d’expression est protégée de manière maximale par le Premier Amendement, qui empêche pratiquement toute restriction sur les discours politiques, y compris ceux considérés comme offensants ou haineux. Ce à quoi il convient de rappeler, car on a tendance à l’oublier ou à ne pas le savoir, que la loi américaine punit les menaces directes et immédiates de dommages physiques, tout comme le harcèlement, le vandalisme et l’intimidation, sans même parler de la diffamation ou des secrets industriels ou militaires…

En Europe, en revanche, cette liberté est bien plus encadrée : la législation inclut souvent des limites liées aux « discours de haine » ou encore à la protection de la dignité humaine. Cette différence se traduit aussi dans les pratiques culturelles. En Europe, les lois et la sensibilité collective tolèrent moins les provocations publiques qui pourraient heurter certaines communautés. Comme le détaille le rapport «The Free Speech Recession Hits Home» du think-tank The Future of Free Speech, de Jacob Mchangama, plusieurs démocraties européennes ont adopté des lois de plus en plus restrictives sous prétexte de lutte contre la désinformation, la haine en ligne ou la protection de la cohésion nationale.

 — Pourtant le droit à la caricature semble moindre aux États-unis. Pas un seul journal ne pourrait publier des caricatures hostiles à l’islam comme elles sont publiées en France dans Charlie Hebdo. Comment expliquer ce paradoxe ?

 — Par une différence entre les principes juridiques et les normes culturelles. Aux États-Unis, la liberté d’expression est juridiquement plus large, mais dans la pratique, l’autocensure y est plus présente, notamment sous la pression sociale et économique. Les médias américains sont particulièrement vulnérables aux pressions des groupes militants, aux boycotts, voire à la menace physique, ce qui les pousse à éviter certains sujets trop polémiques. C’est un point que j’aborde dans Ce que je veux sauver en analysant comment certaines formes de censure ne viennent pas nécessairement de l’état, mais d’une dynamique sociale où la peur des représailles (y compris économiques) limite la liberté de parole. En France, la tradition satirique et la laïcité républicaine ont installé une tolérance culturelle plus large envers la critique des religions. L’affaire des caricatures de Charlie Hebdo en est un exemple frappant : malgré les menaces, l’hebdomadaire a continué à publier des dessins provocateurs, alors qu’aucun grand journal américain n’a osé les reproduire dans leur intégralité.

 — Est-ce qu’une liberté d’expression absolue n’aboutit pas à la tyrannie des susceptibilités ?

 — La liberté d’expression absolue n’existe pas, d’une part. Si on parle de liberté d’expression maximale, comme elle est consacrée par le Premier Amendement de la Constitution américaine, non, je ne pense pas qu’elle conduise à la tyrannie des susceptibilités, mais plutôt à leur confrontation ouverte. On en a un exemple avec le « retour de bâton » contre le wokisme aux États-unis : à la fois le wokisme a été le plus fort chez eux, mais en même temps il aura généré des réactions – pas toujours finaudes, mais c’est un autre débat – qui auront permis de le faire reculer avec une vitesse impressionnante. En France, je crains qu’on manque de tels contre-pouvoirs et, globalement, d’une culture qui, en fin de compte, empêche toute orthodoxie trop massive de faire souche… Ensuite, l’argument selon lequel la liberté d’expression illimitée pourrait créer un climat de violence est souvent avancé pour justifier des restrictions, mais il repose sur une logique qui inverse la causalité : ce n’est pas l’expression qui engendre la violence, mais l’interdiction du débat qui alimente la radicalisation.

Je me réfère encore au rapport « The Free Speech Recession Hits Home », qui est une mine sur le sujet. Il montre que les législations contre les discours de haine et la désinformation ont rarement prouvé leur efficacité à contenir les tensions sociales. Au contraire, elles donnent souvent une aura de martyre aux discours interdits, les renforçant au lieu de les affaiblir. C’est aussi un point que je traite dans mon livre, en soulignant que la répression des idées jugées « dangereuses » aboutit souvent à leur diffusion clandestine, les rendant encore plus toxiques. La seule réponse efficace à une idée délétère reste de lui opposer une meilleure idée, et non de la censurer. Je suis aussi très sensible à une sorte d’argument mitochondrial (en biologie, cellule chargée de récupérer l’énergie fournie par les molécules afin de les stocker pour une utilisation future, NDLR) pour la liberté d’expression maximale : quand on étouffe une idée, même et surtout atroce, on empêche par la même occasion toutes les autres idées qu’elle aurait pu faire naître. Et il est impossible, a priori, de connaître la descendance d’une idée…

La transparence est préférable à l’obscurité. Une idée exposée à la critique peut être combattue, alors qu’une idée interdite se propage en sous-main, » sans opposition

 — On entend un discours selon lequel la liberté d’expression serait devenue l’ennemie de la liberté, et même de la démocratie. Ce discours est-il nouveau ?

 — Non, ce discours n’est pas du tout nouveau. Il s’inscrit dans une tradition qui remonte aux régimes autoritaires et aux idéologies totalitaires du XXe siècle, qui trouvent leur genèse dans la dégénérescence de la Révolution française en Terreur. Soit un exemple emblématique d’une période où les crises politiques et sociales conduisent à un rejet de la liberté d’expression, souvent au nom de la préservation de l’ordre et de la sécurité. Initialement, la Révolution a promu la liberté d’expression comme un droit fondamental, avant de sombrer dans la Terreur et d’adopter des politiques de censure et de répression politique. En 1789, l’article 11 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen proclamait que « tout citoyen peut parler, écrire, imprimer librement», mais dès 1793, la Révolution basculait dans un régime de répression où les « ennemis de la liberté » étaient pourchassés. La loi des suspects permettait d’arrêter toute personne dont les propos étaient jugés hostiles au régime, et la loi de Prairial, de 1794, instituait la peine de mort pour de simples infractions verbales, comme critiquer la Convention nationale ou diffuser des « fausses nouvelles » (cela vous rappelle quelque chose ?). En on arrive à 17 000 exécutions, souvent pour des délits d’opinion. La Révolution est peut-être le cas d’école de ce paradoxe récurrent : ceux qui prétendent défendre la liberté sont souvent les premiers à l’étouffer lorsqu’ils estiment que son exercice met en péril leur projet politique. L’argument selon lequel la liberté d’expression mettrait en danger la démocratie est souvent employé par ceux qui souhaitent encadrer le débat public et imposer une norme idéologique unique. Dans Ce que je veux sauver, j’analyse l’évolution des totalitarismes modernes qui, au lieu d’imposer un contrôle direct, créent des formes de censure par pression sociale, comme le wokisme ou les lois contre la « désinformation ». Les travaux de Jacob Mchangama et de son think-tank mettent aussi en évidence la manière dont plusieurs démocraties utilisent la lutte contre la « haine en ligne » pour restreindre des opinions qui ne sont pas forcément haineuses mais simplement dissidentes, le tout selon cette règle : plus un régime démocratique s’inquiète pour sa stabilité, plus il a tendance à restreindre la liberté d’expression.

En Allemagne, la législation sur les discours haineux a entraîné des milliers d’arrestations pour des commentaires postés sur internet, avec des descentes de police à l’aube pour des individus accusés d’avoir insulté des personnalités publiques. En France, des lois comme celle contre « l’apologie du terrorisme » ont été utilisées de manière abusive, parfois contre des enfants ou des militants, criminalisant des opinions sans appel clair à la violence. Autant de dérives qui partagent la logique de la dégénérescence de la Révolution française : la liberté d’expression est d’abord célébrée comme un principe fondateur, puis progressivement restreinte dès qu’elle est perçue comme une menace par le pouvoir en place. Le risque majeur de cette logique est que la démocratie elle-même commence à fonctionner comme un régime autoritaire sous prétexte de se défendre contre ses ennemis. Comme l’explique Mchangama, l’histoire montre que les démocraties qui restreignent excessivement la liberté d’expression finissent par affaiblir les principes qu’elles prétendent protéger, en renforçant notamment les mouvements qu’elles cherchent à combattre. En somme, le discours affirmant que «trop de liberté d’expression nuit à la démocratie » est une vieille rengaine qui accompagne toutes les périodes de crise. Ce qui est nouveau, c’est l’ampleur de son acceptation dans les démocraties modernes, notamment sous couvert de protection contre la désinformation et les discours de haine. Mais comme l’a montré l’histoire, chaque fois que la liberté d’expression a été sacrifiée à la stabilité, c’est la démocratie elle-même qui a fini par s’effondrer.

 — Vous dites que la censure ne fonctionne pas. Avez-vous des exemples concrets de censure qui ait empiré le mal ?

 — Oui, plusieurs exemples plus ou moins récents montrent que la censure ne fait que renforcer les idées qu’elle prétend combattre. Le plus éloquent, et bizarrement le moins connu, concerne l’Allemagne prénazie. Voyez les travaux de Timothy Garton Ash : l’Allemagne de Weimar avait adopté des lois strictes contre les discours antisémites, poursuivant et emprisonnant plusieurs propagandistes nazis, notamment Julius Streicher, éditeur de Der Stürmer. Plutôt que d’étouffer leurs idées, ces procès leur ont offert une tribune et un statut de martyrs qui ont contribué à la montée du nazisme. Je pense aussi à l’interdiction de Dieudonné en France. Ses spectacles ont été interdits, Manuel Valls en a fait une croisade personnelle et quoi ? Cela l’a transformé en figure de la « liberté d’expression contre le système», renforçant son influence auprès d’un public complotiste qui aurait pu rester marginal. Concernant le cordon sanitaire médiatique en Belgique, contrairement à ce que certains prétendent, l’interdiction médiatique des partis d’extrême droite en Wallonie n’a pas empêché leur progression ailleurs, notamment en Flandre. La logique est toujours la même : en excluant certaines idées du débat public, on les pousse dans des sphères où elles prospèrent sans contradiction.

 — Quels sont vos arguments pour faire valoir qu’une maximisation de la liberté d’expression comporte moins de dangers que sa limitation ?

 — D’abord parce que la transparence est préférable à l’obscurité. Une idée exposée à la critique peut être combattue, alors qu’une idée interdite se propage en sous-main, sans opposition. Ensuite, comme je l’ai mentionné, l’histoire prouve que la censure renforce ce qu’elle cherche à éliminer : le nazisme, le fondamentalisme islamiste et même certaines formes de radicalisation politique ont prospéré précisément là où l’expression était contrainte. Enfin, la liberté d’expression est un rempart contre le totalitarisme : une société qui commence à limiter l’expression ouvre la porte à des restrictions toujours plus grandes, jusqu’à étouffer toute dissidence. Si la censure pouvait réellement empêcher la haine et la violence, nous vivrions dans un monde pacifié. Or, les sociétés qui l’appliquent le plus rigidement ne sont pas les plus démocratiques, bien au contraire.

Source : Le Figaro


vendredi 7 février 2025

« Transition de genre » : l’Argentine annonce interdire les traitements pour les mineurs

Le gouvernement argentin a annoncé vouloir interdire les traitements hormonaux et les opérations chirurgicales de « transition de genre » pour les mineurs, a annoncé mercredi le porte-parole de la présidence, Manuel Adorni.

Actuellement, les mineurs peuvent subir des traitements de « transition de genre » avec l’accord de leurs parents. Si ces derniers refusent, ils peuvent recourir à un juge. « Ces interventions auxquelles les enfants sont exposés constituent un risque sérieux pour leur santé, tant physique que mentale, car elles impliquent une interruption de leur processus de maturation », relève le porte-parole.

D’autre part, les autorités empêcheront les prisonniers d’être transférés « s’ils changent de sexe après avoir commis un crime », a en outre précisé Manuel Adorni. Ainsi, les détenus seront assignés aux quartiers pénitentiaires en fonction du sexe inscrit sur leur carte d’identité au moment où le crime pour lequel ils sont emprisonnés a été commis. Pour les délits sexuels, aucun transfert ne sera autorisé, même si les détenus se déclarant transgenres ont demandé un changement de sexe sur leurs papiers d’identité avant de commettre le délit.

Ces mesures qui constituent un « combat frontal contre l’extrémisme de genre » seront adoptées par décret, précise la présidence argentine. Toutefois, pour mettre en œuvre ces dispositions, la loi de 2012 relative à « l’identité de genre » devra être modifiée. Ce qui nécessitera l’approbation du Congrès selon les associations.

Le président argentin Javier Milei (ci-contre) a par ailleurs suivi « l’exemple de Donald Trump » en annonçant que l’Argentine quitterait également l’Organisation mondiale de la santé (OMS).


 

Sources : Buenos Aires Herald (5/II/2025) ; The Guardian, Tiago Rogero (5/II/2025); Généthique

Les Mousquetaires racisées II, le retour

Voir aussi 

 « Toutes pour une » : l’échec cuisant de la version féministe des Trois Mousquetaires au cinéma.

L'adaptation "diversitaires" des Trois Mousquetaires, dirigée par Houda Benyamina, ne rencontre pas le public. 

En cinq jours, le film n'a attiré que 9 407 spectateurs, un four retentissant qui ne rentre même pas dans le palmarès des 30 films de la semaine. La critique d'Éric Neuhoff dans Le Figaro parle d'un long-métrage qui « patauge » dans la relecture féministe et diversitaires de l’œuvre d'Alexandre Dumas. 

 Le scénario se distingue par un détail majeur : les traditionnels mousquetaires sont désormais des femmes « racisées ». Oulaya Amamra, Sabrina Ouazani, Déborah Lukumuena et Daphne Patakia (voir photo ci-dessous) incarnent respectivement les rôles de d’Artagnan, Athos, Porthos et Aramis. La nouveauté ? Les héroïnes doivent se déguiser en hommes pour accomplir leur mission : protéger la reine Anne d’Autriche, au prix d’une transformation physique totale : fausses barbes, perruques et poitrines bandées.


 

Sur la Toile, les influenceurs identitaires et les contenus promouvant les idées conservatrices ont le vent en poupe



L’extrême droite a été excommuniée des médias traditionnels à la fin des années 1990. La jeune génération de cette mouvance politique s’est réfugiée sur internet.

Quinze milliards de dollars de fortune, ce n’est pas encore assez pour vous placer au sommet du classement annuel de Forbes, mais c’est suffisant pour figurer au panthéon des seigneurs de la Silicon Valley. Et vous permettre de publier un brûlot contre l’establishment sur le site du journal de référence des magnats de la tech, des chefs d’entreprise et tout ce que les États-Unis comptent de décideurs publics. Ainsi, le 10 janvier dans le Financial Times, Peter Thiel, cofondateur de PayPal, le système de paiement en ligne, et investisseur dans Facebook aux débuts du réseau social, annonce la venue de temps nouveaux avec le retour de Trump à la Maisonblanche. Une ère de vérité et d’« apocalypse ».

Internet est en passe de « gagner la guerre, les institutions de l’ancien régime s’effondrent », écrit Thiel dans sa tribune, traduite en français et commentée par la revue Le Grand Continent. Pour ce proche de Musk, soutien de Trump, la toile aurait réussi à tuer le vieux monde, « les organisations médiatiques, bureaucraties, universités et ONG financées par l’état », qu’il juge dégoulinant de progressisme et qui délimiterait le périmètre de la conversation publique depuis trop d’années.

Car aux États-Unis, comme partout en Occident, la droite est en première position sur la toile. Aucune raison que la France y échappe. Trois livres publiés par des auteurs que l’on peut difficilement soupçonner d’accointances avec les idées conservatrices soutiennent cette sentence : La Fachosphère : comment l’extrême droite remporte la bataille (Flammarion, 2016), des journalistes David Doucet et Antoine Albertini ; Pop fascisme : comment l’extrême droite a gagné la bataille culturelle sur internet (Divergences, 2024) écrit Pierre Plottu et Maxime Macé de Libération, tout récemment Pourquoi l’extrême droite domine la toile (L’aube, 2025) un essai signé Achraf Ben Brahim, consultant dans le secteur du numérique.

Cette domination se traduit moins par le nombre d’abonnés des partis politiques traditionnels sur les réseaux sociaux ou le nombre de vues et de j'aime sur les plateformes de vidéo type YouTube que par l’existence d’un écosystème puissant qui nourrit ou pourrit, le débat public, c’est selon. Citons pêle-mêle : le 18-25 ans de jeuxvideo.com, une sorte de 4chan francophone, ce forum en ligne américain prisé de Musk où la « culture du LOL » est plus souvent utilisée pour promouvoir des théories masculinistes et manifester un rejet de l’immigration que se gargariser devant la dernière sortie médiatique de la démocrate Alexandra Ocasio-Cortez. Ou la revue de presse identitaire Fdesouche (8 millions de pages vues par mois, plus de 500 000 abonnés au total sur Facebook et X), le succès de Jordan Bardella sur Tiktok (2,1 millions d’abonnés) et d’influenceurs identitaires type Damien Rieu, Julien Rochedy ou Papacito, les médias alternatifs comme Frontières et une myriade d’anonymes qui partagent chaque jour des mèmes, pour normaliser, par l’humour, leurs idées et toucher un public large, sans filtre entre l’émetteur et le récepteur. Le médium internet a cette force-là : la désintermédiation.

Ces images détournées franchissent parfois le mur de ce pan du web où l’humour potache et la provocation sont les seules règles qui vaillent. L’exemple de « Nicolas, 30 ans » est criant. Ce montage à visée humoristique, sous forme de schéma, met en scène un jeune trentenaire qui se prend les mains dans la tête, désemparé, en constatant que son salaire va tout droit dans les poches de Bernard et Chantal, 70 ans, et de Karim, un jeune Maghrébin de 25 ans. Selon le schéma, les premiers utiliseraient ensuite cette somme pour des vacances en croisière, quand le second, Karim, transférerait l’argent dans son pays d’origine. Le mème vise à dénoncer le « contrat social » à la française qui profiterait à la génération des baby-boomeurs, aux immigrés et aux descendants d’immigrés, au détriment des jeunes actifs. L’image s’est diffusée partout et le message a été traduit en anglais par quelques trublions du web et remodelé pour coller avec le modèle britannique. Bingo. Le montage fait le tour de l’internet d’outre-Manche et The Spectator, le plus ancien magazine en langue anglaise publié sans interruption a consacré en novembre 2024 un article à ce phénomène dont le berceau est l’« internet d’en bas ».

Donner la parole à cet internet des « sans dents », pour reprendre la formule polémique attribuée par Valérie Trierweiler à François Hollande, qui sont en ligne, des « sans visage » et « sans nom », c’était aussi l’objectif du collectif Anonymous. Cette nébuleuse contestataire de pirates anarchistes masqués, que l’on peut difficilement classer politiquement, se battait pour la libre circulation de l’information sur les réseaux. Enfant du forum 4chan, le mouvement qui n’en est pas vraiment un s’est fait un nom lors des révoltes de 2011 : des pays arabes qui se soulevaient jusqu’à Wall Street occupé. À ce moment-là, pléthore de mouvements citoyens, plutôt orientés à gauche, font la promotion du « web libre » comme ils ont milité pour le développement des radios pirates dès les années 1970. En Espagne, les indignés occupent la Puerta del Sol, la place centrale de Madrid, contre la crise financière, le bipartisme en Espagne et pour le développement d’un internet sans censure.

Assiste-t-on au retour de balancier du web libre ? La gauche est-elle tombée dans le piège de l’utopie numérique, comme l’affirme l’historien américain Fred Turner, ex-enseignant au MIT ou à Harvard ? Elle a, a minima, découvert que les gens n’avaient pas que des revendications estampillées « de gauche » à faire valoir. Au téléphone, Samuel Lafont, responsable de la stratégie numérique et des levées de fonds chez Reconquête, martèle que la force de la droite serait son rapport avec la vérité. « Leréel », comme il l’appelle. « On ne peut pas changer le réel. Quand la gauche communique sur ce qu’elle aimerait que le réel soit, mais que cela ne renvoie à rien de concret, cela ne fonctionne pas », ajoute le communicant.

Si costaud que ça, la droite dure ? « Expérimentée », répond Fabrice Epelboin, spécialiste du numérique et des réseaux sociaux. Dans les années 1990 jusqu’aux années 2010, la gauche chic rayonne de tout son pouvoir d'influence, elle a son rond de serviette sur les plateaux de télévision et à la radio. Stéphane Guillon fait de l’ex-ministre UMP de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano, sa tête de Turc, le « Grand Journal » de Canal+ et les « Guignols de l’info » sont des institutions du petit écran, bien que subsistent quelques îlots avec de vrais débats contradictoires : l’émission de Laurent Ruquier « On n’est pas couchés » et celle de Frédéric Taddeï « Ce soir ou jamais ».

« L’extrême droite a été excommuniée des médias traditionnels à la fin des années 1990, la jeune génération de cette mouvance politique s’est réfugiée sur internet ». Ainsi serait née une « contreculture » de droite, dixit Epelboin, qui a acquis et développé au fil du temps les codes de cet univers foutraque qu’est internet.

Le boycottage des thèses conservatrices, à l’époque pas si lointaine où les petits génies de la tech en sweat à capuche n’avaient d’yeux que pour les démocrates, a également pu jouer un rôle majeur.

« La créativité naît de la contrainte », tente d’expliquer un internaute tendance libéral conservateur. Pour lui, « la modération était si zélée sur les réseaux sociaux que faire passer un message “de droite” directement au grand public était pratiquement impossible ». Cette contrainte a permis l’émergence de nouveaux moyens d’expressions créatifs pour contourner la censure.

« La gauche, n’ayant pas été soumise à cette pression évolutionniste, son humour ayant droit de cité dans les médias traditionnels, a fourni peu d’efforts », ajoute-t-il. Et en pratiquant l’excommunication, en jouant à la police des archives avec ceux de son camp, n’a pas arrangé son cas. Les membres de la Ligue du LOL, un groupe Facebook privé créé en 2010, cloués au pilori pour des blagues de mauvais goût, s’en souviennent.

Ce n’est pas près de s’arranger, à en croire Valerio Motta, spécialiste de communication numérique, ex-directeur de la communication du Parti socialiste : « La culture du LOL n’est plus à gauche, car la gauche n’est pas assez structurée et sereine pour en faire une force majeure. » Pas assez sereine ou ennuyeuse comme la pluie, en se fixant sans cesse des règles et des lignes rouges à ne pas franchir ? « Les gauchistes sont des petits gardiens barbants, ils marchent sur des œufs en permanence pour faire de l’humour », assure un utilisateur de X qui totalise plusieurs milliers d’abonnés. Sur le réseau social de Musk en tout cas, le vent de légèreté souffle, semble-t-il, de tribord. Connaissezvous « humour de droite » ? Ce compte humoristique régnait en maître sur le Twitter des années Sarkozy avec ses saillies sur les personnalités de premier plan de l’époque, les Jeanfrançois Copé et autres Brice Hortefeux. Aujourd’hui, les publications du compte atteignent péniblement une cinquantaine de likes malgré 300 000 abonnés. Comme si, à droite, le buzz passait aujourd’hui par l’humour tandis qu’à gauche, la viralité se faisait via l’angoisse : de la fin du monde à cause du réchauffement climatique ou de la fin d’un monde en raison d’une menace fasciste rampante. Le livre Résister, une sorte de petit guide pour lutter contre l’« extrême droite aux portes du pouvoir » de Salomé Saqué, la journaliste et intellectuelle organique de la gauche urbaine, aux 400 000 abonnés sur Instagram, figure en bonne place dans le classement des essais les plus vendus.

Au lendemain de la victoire de Donald Trump aux États-Unis, les conservateurs américains ont inondé X du slogan « we are so back » (« nous sommes tellement de retour »). Comprenez : le temps de la marginalisation des idées de droite est révolue. L’ère des grandes révolutions progressistes des années 2010, bâties plus sur des forums de discussion, dans des podcasts et au fil des tweets plus que sur des barricades (Black Lives Matter, #Metoo, etc.), enterrée. Chez nous, force est de constater que la donne a changé. Car a émergé, en France comme aux États-Unis, un système médiatico-politique autrement plus favorable à la droite symbolisé par le rachat du groupe Canal+ et la montée en puissance de Cnews qui fournit un contenu vidéo quotidien au public en quête de joutes verbales contre les « gauchistes » ou le rachat de Twitter par Musk pour le transformer en X, dont les algorithmes favorisent les personnalités et les thèses conservatrices. Une enquête menée par le Wall Street Journal vient de démontrer que le système de recommandation de X favorisait aussi les messages de tous les internautes pro-Trump, au détriment des publications pro-Harris. Au grand dam de la gauche. « Sur X, les personnalités politiques ne sont pas à égalité sur la ligne de départ », déplore Valerio Motta. Fabrice Epelboin nuance. « Le panorama d’un espace numérique acquis à la droite est à nuancer. Beaucoup de néomédias, comme Konbini ou Brut, restent à gauche sans parler de Mediapart, qui a été précurseur. » On peut aussi citer le succès des vidéos de l’écrivain François Bégaudeau sur YouTube, qui totalisent régulièrement plus de 100 000 vues ou celui de l’émission « Backseat »[oui, oui en France...], présentée par Jean Massiet (250 000 abonnés), diffusée chaque jeudi sur les plateformes Twitch et YouTube, devenue le rendez-vous incontournable des têtes d’affiche du Nouveau Front populaire.

Sur la toile, la droite a en partie gagné la bataille en surfant sur une supposée hégémonie de la gauche dans les médias traditionnels. Dans un monde où les cartes sont rebattues, peut-elle gagner la guerre d’internet ?

« L’extrême droite a été excommuniée des médias traditionnels à la fin des années 1990, la jeune génération de cette mouvance politique s’est réfugiée sur internet » Fabrice Epelboin spécialiste du numérique et des réseaux sociaux

Source : Le Figaro

jeudi 6 février 2025

Trump signe le décret « Pas d’hommes dans les sports féminins »

Le président Donald Trump a signé mercredi le décret « Pas d’hommes dans les sports féminins », remplissant ainsi l’une de ses principales promesses de campagne de garder les hommes biologiques hors des sports féminins et féminins. 


Trump a signé le décret à l’occasion de la Journée nationale des filles et des femmes dans le sport, qui célèbre les athlètes féminines dans les sports féminins et celles qui s’engagent à fournir un accès égal au sport pour toutes les femmes.

« Cela n’a pas besoin d’être long. C’est une question de bon sens », a déclaré Trump avant de signer le décret, ajoutant que « les sports féminins seront réservés aux femmes ».

Trump a déclaré : « La guerre contre les sports féminins est terminée. »

Trump a été rejoint dans la salle Est de la Maison Blanche par les ambassadeurs des Femmes indépendantes Riley Gaines, Payton McNabb, Paula Scanlan, Sia Liilii, Lauren Miller, Kim Russell, Kaitlynn Wheeler, Linnea Saltz et Lily Mullens.

Gaines, qui anime le podcast « Gaines for Girls » d’OutKick, a été l’une des championnes de l’équité du sport féminin après avoir partagé son expérience lors des championnats NCAA 2022 avec Lia Thomas.
L’attachée de presse de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré lors d’un briefing avant que Trump ne signe le décret qu’il « tient la promesse du titre IX ».

« Le président Trump s’est engagé à restaurer le bon sens dans notre pays et il continue de le faire avec un décret qu’il signera plus tard dans la journée », a-t-elle ajouté. « Le président signera un décret présidentiel qui empêchera les hommes de participer aux sports féminins afin de défendre la sécurité des athlètes, de protéger l’intégrité des compétitions et de tenir la promesse du titre IX.

« Cette action de bon sens de la part du président Trump met fin à la trahison répugnante des femmes et des filles par l’administration précédente, qui pendant des années s’est occupée des militants radicaux qui voulaient que les hommes biologiques soient traités comme des femmes sur les lieux de travail, dans les douches, dans les sports de compétition, dans les prisons et même dans les refuges pour victimes de viol. 

La folie de l’idéologie de genre est terminée.

Leavitt a également appelé les législateurs du Sénat à adopter la loi sur la protection des sports féminins et féminins, que la Chambre a adoptée le mois dernier. Le projet de loi interdirait aux hommes biologiques de participer aux équipes sportives scolaires des filles. Le projet de loi modifierait la loi fédérale pour spécifier que les étudiants-athlètes doivent participer à des équipes sportives scolaires qui coïncident avec leur sexe à la naissance.

« Il est extrêmement important que le Congrès agisse immédiatement sur cette priorité », a ajouté Leavitt. 

« Je pense que le président donne vraiment le ton, en faisant une priorité très immédiate pour cette administration, tout comme il a promis de le faire pendant la campagne. » 

mercredi 5 février 2025

L’inconfort face à l'homosexualité en hausse chez les jeunes du Québec (m à j critique du rapport)

Extraits de la critique du rapport «Montée de l’intolérance dans les écoles» de GRIS-Montréal par François Chapleau, professeur émérite au Département de biologie de l’Université d’Ottawa.

Si l’on fait abstraction des problèmes méthodologiques, les résultats de l’étude font état d’une hausse généralisée du « mal à l’aise » pour toutes les questions, mais de façon plus marquée pour les cas suivants: 

  • Le malaise avec les personnes et couples homosexuels est systématiquement plus élevé chez les garçons.
  • Connaître une personne non hétérosexuelle diminue le malaise envers les personnes et les couples homosexuels.
  • Le fait d’avoir une religion et de la pratiquer augmente le niveau de malaise envers les personnes et couples homosexuels.

Le terme « genre » est utilisé 30 fois dans le rapport de 2025, alors que le mot « sexe » y est absent. Il est important de noter que le mot « genre » est absent du questionnaire. Les élèves ne savaient donc pas que le terme « homme » ou de « femme » représentait pour le GRIS une identité de genre et non pas une appartenance sexuelle. 

Le communiqué de presse indiquait « une augmentation des discours haineux et des violences dans les écoles ». Or, dans la discussion, on reconnait que le niveau de malaise n’est pas un indicateur de transphobie et d’homophobie. Mais, on ajoute que : « un sentiment de malaise ou d’inconfort élevé est vu comme une menace à la sécurité perçue, ce qui peut contribuer à créer des conditions propices à la violence ». Et l’on ajoute à ce dernier commentaire quelques citations « anonymes » particulièrement crues.

Il n’en fallait pas plus pour que plusieurs médias fassent état à la suite de la conférence de presse que l’étude indique une hausse de la transphobie, de l’homophobie, de l’intolérance et de la haine, alors qu’elle n’indique qu’une hausse de l’inconfort par rapport aux orientations sexuelles des personnes et de couples.

Parmi les « hypothèses » suggérées pour expliquer le déclin du sentiment d’aise par rapport à l’homosexualité dans les écoles, on indique :

1.« la conversation sociale polarisée (controverses) et polarisante autour des sujets LGBTQ+ — et particulièrement de l’identité de genre — depuis quelques années. » On ajoute que « si cette conversation sociale porte plus directement sur les personnes trans et non binaires, elle semble générer des impacts négatifs qui vont aussi toucher sur les acquis liés à l’orientation sexuelle. »

2. « La crise actuelle du journalisme met en péril la circulation d’informations vérifiables et dans l’intérêt du public et accentue les processus de désinformation » et on ajoute à ceci l’impact négatif des réseaux sociaux.

3. Finalement, le déclin précipité des attitudes face à la diversité sexuelle des jeunes hommes serait lié avec une montée des discours masculinistes et conservateurs qui, chez ces derniers, prônent un retour aux valeurs traditionnelles.

Remarques :

1. Noter que, dans la discussion, les termes LGBTQ+ et transphobie reviennent dans la phraséologie alors que l’étude n’a rien à voir avec les transgenres/queers et ne s’intéresse qu’à l’orientation sexuelle.

2. Il n’y a aucune donnée dans cette étude et il n’y a aucune question dans les questionnaires qui permettent de pointer le doigt vers une des causes externes suggérées. En fait, la discussion du rapport ne s’appuie en rien sur les résultats de l’étude ni sur des connaissances liées à la réalité des élèves dans les écoles. Décevant !

3. En fait, la discussion évite de parler des données. Par exemple, on ne discute même pas du fait que les religions semblent un facteur explicatif de la hausse du malaise et que celles-ci réprouvent généralement l’homosexualité.  

4. Si les enjeux liés à l’identité de genre créent des impacts négatifs qui touchent « les acquis liés à l’orientation sexuelle », il faudrait qu’un organisme indépendant examine l’impact d’organismes comme GRIS-Montréal qui font la promotion de la pseudoscience du genre dans les écoles ; une idéologie qui ne reconnait pas la binarité du sexe et qui fait fi du fait que les homosexuels revendiquent une sexualité fondée sur la réalité du sexe et non pas sur le ressenti du genre.

5. En comparant les deux derniers rapports sur l’orientation sexuelle, celui de 2017[xiii] et celui qui fait l’objet de cette critique, il est malheureux de constater que le GRIS, en moins de 7 ans, a trahi sa mission première qui lui donnait toute sa crédibilité. Elle se préoccupait alors de démystifier l’homosexualité et de la bisexualité et de favoriser l’acceptation des personnes homosexuelles et bisexuelles à l’école et en société. En quelques années, l’organisme est devenu le porte-étendard grassement subventionné par le gouvernement (et d’autres organismes) d’une idéologie qui fait la promotion de la pseudoscience du genre. Actuellement, le GRIS endoctrine au lieu d’éduquer dans nos écoles. C’est inacceptable. Ce rapport s’aligne davantage avec l’hypothèse que le « nouveau » GRIS fait plus partie du problème que de la solution.




Billet du 18 janvier
Un guide pédagogique du GRIS réalisé
grâce à une subvention du
Ministère de la Justice du Québec


Une étude de l’organisme militant pro-LGBTQ2SAI+ GRIS-Montréal indique, parmi les jeunes, une hausse face à l’homosexualité et aux formes d’orientation sexuelle non traditionnelles.

Dévoilée jeudi, l’étude a été réalisée à partir de 35 000 questionnaires remplis par des élèves du secondaire dans plusieurs régions du Québec.

Selon l’organisme militant, le constat est « sans équivoque » : pour la première fois depuis qu’il a commencé à recueillir ces données il y a 30 ans, l’organisme observe « un recul » des attitudes chez les jeunes face « à la diversité sexuelle ».

« Pendant très longtemps, on avait l’impression que les jeunes avaient toujours une longueur d’avance sur ces enjeux. Là, il y a une régression, et une régression en très peu de temps », réagit le titulaire de la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres de l’UQAM, Martin Blais.

Que veut-on dire par « inconfort » ?

Dans le cadre du sondage, les élèves ont été appelés à commenter différents scénarios afin de mesurer leur degré d’« ouverture ».

En 2017-2018, 25 % des répondants disaient éprouver un malaise face à l’orientation sexuelle d’un ami homosexuel, comparativement à près de 40 % en 2023-2024. Pour une amie lesbienne, la proportion est passée de 15 % à près de 34 %.

De plus, 24 % des élèves se disent très mal à l’aise devant un couple de pères homosexuels, contre 10 % en 2017-2018. Pour les familles de couples lesbiens, le niveau d’inconfort a triplé, passant de 7 % à 21 %.

Selon le sociologue et sexologue Martin Blais, ces chiffres confirment une réalité observée sur le terrain depuis quelques années. « Plusieurs groupes communautaires [LGBTQ2SAI+] rapportent une augmentation des discours hostiles », note-t-il.



À qui la hausse est-elle attribuable selon ces experts ?

Cette hausse n’est pas le fait d’un groupe particulier. L’augmentation du sentiment de malaise est observée chez les jeunes, peu importe leur âge, leur genre, leur niveau de religiosité ou la région qu’ils habitent, souligne l’organisme militant.

Elle est cependant plus marquée chez les jeunes scolarisés en dehors de la grande région de Montréal et chez les garçons.

De manière générale, les hommes et les jeunes hommes « ont toujours eu plus de résistance à l’égard de la diversité [sic] que les femmes », affirme M. Blais.

Qu’est-ce qui expliquerait ce recul ?

On a reproché beaucoup de choses aux personnes queers et aux personnes trans. De menacer les enfants, de vouloir faire du lobby auprès des enfants. D’accorder des droits aux personnes trans qui enlèveraient potentiellement des droits aux femmes. Ce genre de dialogue social percolerait dans le milieu scolaire. La normalité de ce ressac devant la radicalité croissante du discours et des exigences du lobby LGBTQ2SAI+, qui va bien au-delà de la simple tolérance, ne semble pas effleurer les « chercheurs » du GRIS.

Autre piste : la montée des discours masculinistes et conservateurs, alimentés en ligne par des influenceurs comme Andrew Tate.

Les experts ne semblent pas considérer que les « progressistes » urbains « ouverts sur la diversité » ont moins d'enfants et qu'ils sont remplacés par les enfants de parents plus traditionnels (« plus fermés sur la diversité ») souvent ruraux (y avoir des enfants est moins cher) ou immigrés, enfants qui épousent les valeurs traditionnelles de leurs parents.

Les plateformes de réseaux sociaux auraient peut-être aussi contribué au recul des attitudes face à la diversité en « amplifiant des voix qu’on entendait moins avant », souligne Martin Blais. Faut-il comprendre que ces voix étaient privées de tribune auparavant par les médias de grand chemin ?

Solution : davantage de propagande à l'école

Avec la Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ), le GRIS-Montréal appelle le gouvernement à augmenter la sensibilisation et la formation dans les écoles.

« C’est clair qu’il y a encore des enjeux d’éducation », affirme Martin Blais. Le sociologue rappelle qu’un moyen efficace de contrer l’intolérance est d’entrer en contact avec des personnes de l’autre groupe.

« C’est un levier extrêmement puissant », souligne-t-il.

« Extrêmement préoccupé par ces données », le cabinet du ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, indique qu’il prendra « le temps d’analyser l’étude réalisée par le GRIS-Montréal ».

« Ce qui est certain, c’est que des gestes d’intolérance n’ont aucunement leur place dans nos écoles. Jamais on ne doit accepter ça », plaide-t-il, rappelant qu’il a déposé un plan de lutte contre la violence et l’intimidation en milieu scolaire.

On attend toujours des plans de lutte pour un français de qualité, la culture générale, l'application de la loi 101 aux cégeps, la francisation progressive des universités anglophones, etc.

Absence d'accès à l'étude complète et aux données

Notons que le sondage du GRIS n'est pas accessible au moment d'écrire ces lignes, on ne peut voir l’ensemble des données, une description de la méthodologie, du profil des écoles sondées, des analyses faites, etc. 
 
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Google abandonne ses objectifs de recrutement discriminatoire en matière de diversité


Le géant de la recherche élimine ses objectifs de recrutement d'un plus grand nombre d'employés issus de minorités et revoit ses programmes d'équité et d'inclusion, dans le cadre d'un revirement à travers la Silicon Valley

L'entreprise a déclaré qu'elle continuerait à ouvrir et à développer des bureaux dans des villes où la main-d'œuvre est diversifiée.

Google supprime son objectif d'embaucher davantage d'employés issus de groupes historiquement sous-représentés et revoit certains programmes de diversité, d'équité et d'inclusion, rejoignant ainsi d'autres géants de la technologie qui repensent leur approche de l'IED (inclusion, équité, diversité, DEI).

Dans un courriel adressé à ses employés mercredi, Google a déclaré qu'elle ne fixerait plus d'objectifs d'embauche discriminatoires. 

En 2020, à la suite des appels à la prétendue lutte pour la justice raciale après l'assassinat de George Floyd par la police, Google s'est fixé pour objectif d'augmenter de 30 % la proportion de « dirigeants issus de groupes sous-représentés » d'ici à 2025.

Le rapport annuel de la société mère Alphabet publié mercredi a omis une phrase indiquant que l'entreprise « s'engage à intégrer la diversité, l'équité et l'inclusion dans tout ce que nous faisons et à développer une main-d'œuvre représentative des utilisateurs que nous servons ». Cette phrase figurait dans les rapports des années 2021 à 2024.

Les Noirs et les Latinos sont depuis longtemps peu représentés dans l'industrie informatique. Le rapport sur la diversité de Google pour 2024 indique que 5,7 % de ses employés américains sont noirs et 7,5 % sont latinos. Quatre ans plus tôt, ces chiffres étaient respectivement de 3,7 % et 5,9 %.

Google a déclaré qu'elle évaluait la possibilité de continuer à publier des rapports annuels sur la diversité, comme elle le fait depuis 2014. L'évaluation fait partie d'un examen plus large des subventions, des formations et des initiatives liées à l'IED, y compris celles qui, selon le courriel, « soulèvent des risques ou n'ont pas l'impact que nous espérions ».

Google a également déclaré qu'il examinait les récentes décisions de justice et les ordres exécutifs du président Trump visant à freiner l'IED au sein du gouvernement et des entrepreneurs fédéraux. L'entreprise « évalue les changements à apporter à nos programmes pour les mettre en conformité », indique le courriel.

L'entreprise a déclaré qu'elle continuerait à ouvrir et à développer des bureaux dans des villes où la main-d'œuvre est diversifiée.

« Nous continuerons à investir dans des États à travers les États-Unis - et dans de nombreux pays à travers le monde - mais à l'avenir, nous n'aurons plus d'objectifs ambitieux », précise le courriel.

Google a déclaré qu'il maintiendrait ses groupes de ressources pour les employés sous-représentés.

« Google s'est toujours engagé à créer un lieu de travail où nous recrutons les meilleures personnes partout où nous opérons, où nous créons un environnement où chacun peut s'épanouir et où nous traitons tout le monde de manière équitable », indique le courriel. "C'est exactement ce que vous pouvez vous attendre à voir à l'avenir.

Le mois dernier, Meta Platforms, propriétaire de Facebook, a supprimé l'équipe chargée de superviser ses efforts en matière de diversité et a mis fin à ses objectifs de représentation pour les entretiens et l'embauche de femmes et de minorités. La vice-présidente des ressources humaines de Meta, Janelle Gale, a déclaré aux employés que « le paysage juridique et politique entourant les efforts de diversité, d'équité et d'inclusion aux États-Unis est en train de changer ».

En décembre, Amazon a annoncé à ses employés qu'elle mettrait fin à certaines de ses initiatives en matière de diversité d'ici à la fin de l'année 2024. Elle a supprimé de son site web la phrase « la diversité, l'équité et l'inclusion sont bonnes pour les affaires », tout en conservant d'autres références à la diversité et à l'inclusion.

Plusieurs entreprises ont été visées par des propositions d'actionnaires visant à mettre fin aux efforts d'IED. Apple a recommandé aux actionnaires de rejeter une proposition du National Center for Public Policy Research, un groupe de réflexion conservateur, visant à mettre fin aux efforts d'inclusion et de diversité de l'entreprise.

Par ailleurs, un certain nombre d'entreprises ont modifié ou supprimé les termes relatifs à la diversité dans leurs rapports annuels.

Source : WSJ

« Journalisme indépendant » plongé dans le chaos après le gel de l’aide internationale américaine par Donald Trump

Le président Donald Trump a gelé des milliards de dollars de subventions d’aide internationale à travers le monde, dont plus de 268 millions de dollars alloués par le Congrès pour soutenir les médias indépendants et la libre circulation de l’information. Dénonçant une décision qui plonge les ONG, les médias et les journalistes, qui font un travail essentiel, dans le chaos de l’incertitude, Reporters sans frontières (RSF) appelle les soutiens publics et privés internationaux à s’engager pour la pérennité des médias indépendants.
Le média de gauche Politico a reçu plus de 8 millions de $ d’USAid

Depuis l’annonce par le nouveau président américain du gel de l’aide internationale américaine, l’Agence des États-Unis pour le développement international (United States Agency for International Development, USAID) est particulièrement dans la tourmente : son site web est inaccessible, son compte X a été suspendu, le siège de l’agence a été fermé et les employés ont été sommés de rester chez eux. Ce lundi 3 février, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a déclaré prendre le rôle de chef par intérim de l’USAID, confirmant l’intention exprimée par Donald Trump et Elon Musk — qui a été nommé à la tête du quasi-officiel Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE) –  de transférer cette agence sous la houlette du département d’État. Le milliardaire sud-africain avait même exprimé la volonté de la voir « fermer complètement », la qualifiant « d’organisation criminelle ».

Presque immédiatement après cette suspension, de nombreuses organisations journalistiques à travers le monde ont contacté RSF, témoignant de leur inquiétude et de leur confusion. Sont affectées tant les grandes ONG internationales soutenant les médias indépendants — comme le Fonds international pour les médias d’intérêt public (International Fund for Public Interest Media ou IFPIM) — que des plus petits médias existants dans des pays comme l’Iran et la Russie.

    Le gel du financement de l’aide américaine sème le chaos dans le monde entier, y compris dans le journalisme. Les programmes qui ont été gelés apportent un soutien vital à des projets qui renforcent les médias, la transparence et la démocratie. Le président Trump a justifié ce décret en accusant — sans preuve — une soi-disant « industrie de l’aide étrangère » de ne pas être alignée sur les intérêts américains. L’ironie tragique est que cette mesure créera un vide qui pourrait faire le jeu des propagandistes et des États autoritaires. Reporters sans frontières (RSF) lance un appel international aux bailleurs de fonds publics et privés pour qu’ils s’engagent à assurer la pérennité des médias indépendants.     

    Clayton Weimers
    Directeur du bureau Amérique du Nord de RSF

Les programmes de l’USAID soutiennent les médias indépendants dans plus de 30 pays, mais il est difficile d’évaluer l’ampleur totale de l’impact sur les médias. De nombreuses organisations touchées hésitent à attirer l’attention par crainte de compromettre des financements à long terme ou de subir des attaques politiques. Selon les données de l’USAID de 2023, l’agence a financé la formation et soutenu 6 200 journalistes, aidé 707 médias non étatiques et soutenu 279 organisations de la société civile œuvrant pour le renforcement des médias indépendants. Le budget de l’aide étrangère pour 2025 prévoyait quelque 268 millions de dollars (soit environ 261 millions d’euros) alloués par le Congrès pour soutenir « les médias indépendants et la libre circulation de l’information ».

Partout dans le monde, des médias et des organisations ont dû suspendre certaines de leurs activités du jour au lendemain. « Nous avons des articles prévus jusqu’à la fin janvier, mais après cela, si nous n’avons pas trouvé de solutions, nous ne pourrons plus publier », explique un média biélorusse en exil ayant souhaité rester anonyme. Au Cameroun, le gel des financements a contraint DataCameroon, un média d’intérêt public basé à Douala, à mettre en pause plusieurs projets, dont un axé sur la sécurité des journalistes et un autre sur la couverture de l’élection présidentielle à venir. Un média iranien en exil — qui a préféré rester anonyme — a dû suspendre sa collaboration avec son équipe pendant trois mois et réduire les salaires au strict minimum pour tenter de survivre. Une journaliste interrogée par RSF avertit que l’impact de ce gel des financements pourrait réduire au silence certaines des dernières voix libres, créant un vide que la propagande d’État iranienne remplirait inévitablement. « Nous faire taire, c’est leur donner plus de pouvoir », dénonce-t-elle.

En Ukraine, neuf médias sur dix dépendent des financements de l’USAID

En Ukraine, où neuf médias sur dix dépendent du financement de l’USAID, plusieurs médias locaux ont déjà annoncé la suspension de leurs activités et recherchent des solutions alternatives « Chez Slidstvo.Info, 80 % de notre budget est affecté », déclare Anna Babinets, directrice et co-fondatrice de ce média d’investigation indépendant basé à Kiev.

Le risque de cette suspension est qu’elle ouvre la porte à d’autres sources de financement susceptibles d’altérer la ligne éditoriale et l’indépendance de ces médias. « Certains médias pourraient fermer ou être rachetés par des hommes d’affaires ou des oligarques. Je pense que de l’argent russe entrera sur le marché. Et la propagande gouvernementale, bien sûr, s’intensifiera », commente Anna Babinets. RSF a déjà constaté l’impact direct de cette propagande : une vidéo fabriquée, faussement estampillée du logo de l’organisation, prétendait que RSF se réjouissait de la suspension du financement de l’USAID pour les médias ukrainiens — une position que RSF n’a jamais soutenue. Ce n’est pas la première fois que de telles désinformations circulent.

Trouver rapidement des alternatives

Cette situation met en lumière la fragilité financière du secteur. « La suspension du financement américain n’est que la partie émergée de l’iceberg — un cas clé qui illustre la gravité de la situation », estime Oleh Dereniuha, rédacteur en chef du média local ukrainien NikVesti, basé à Mykolaïv, dans le sud-est de l’Ukraine. Depuis 2024, les médias indépendants ukrainiens peinent à assurer leur viabilité financière en raison de la diminution du nombre de bailleurs. Par conséquent, même des réductions budgétaires mineures peuvent placer ces médias dans une situation précaire. Un rapport récent de RSF souligne la nécessité de se concentrer sur la relance économique des médias indépendants ukrainiens, affaiblis par l’invasion russe à grande échelle du 24 février 2022, que RSF estime à au moins 96 millions de dollars sur trois ans.

Au-delà de la baisse du soutien des donateurs, les médias sont également confrontés à des menaces croissantes pour leurs financements et leurs modèles économiques dans d’autres pays. Alors qu’en Géorgie, la loi sur la transparence de l’influence étrangère — calquée sur la législation russe — met en péril de nombreuses organisations médiatiques, le Premier ministre géorgien a salué la décision du président américain.

Officiellement, cette suspension n’est censée durer que 90 jours, selon le gouvernement américain. Cependant, certains professionnels des médias, comme Katerina Abramova, directrice de la communication du média en exil Meduza, craignent que la révision des contrats de financement ne prenne beaucoup plus de temps. « Les médias en exil sont encore plus vulnérables que les autres, car nous ne pouvons pas monétiser notre audience et le financement participatif a ses limites — surtout quand faire un don à Meduza est un crime en Russie », souligne-t-elle.

En suspendant brutalement l’aide américaine, les États-Unis ont rendu de nombreux médias et journalistes vulnérables, portant un coup dur à la liberté de la presse. Pour tous les médias interrogés par RSF, la priorité est de se relever et de trouver d’urgence des financements alternatifs.


Source : Reporters sans Frontières
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Le président du Parlement géorgien, Chalva Papuashvili, a révélé que l’USAid avait injecté 41,7 millions de dollars dans les récentes élections du 26 octobre 2024 en Géorgie, ce qui soulève de sérieuses inquiétudes quant à l’ingérence étrangère et au rôle de Washington dans le façonnement du paysage politique géorgien.

Des manifestations ont éclaté après que le parti au pouvoir, le Rêve géorgien, a remporté la victoire avec 54 % des voix, obtenant 89 sièges sur 150. Les forces d’opposition et la présidente Salomé Zourabichvili ont qualifié les résultats de « falsification totale », accusant le parti au pouvoir de s’orienter vers l’autoritarisme et l’influence russe.

Une des subventions à un consortium politique pro-occidental en Géorgie (Caucase)

Exemples d’abus de l’argent public dépensé par USAid selon la Maison-Blanche :
  •   1,5 million de dollars pour « faire progresser la diversité, l’équité et l’inclusion sur les lieux de travail et dans les communautés d’affaires de Serbie ».
  •    70 000 dollars pour la production d’une « comédie musicale DEI » en Irlande
  •    2,5 millions de dollars pour des véhicules électriques au Viêt-Nam
  •    47 000 dollars pour un « opéra transgenre » en Colombie
  •    32 000 dollars pour une « bande dessinée transgenre » au Pérou
  •    2 millions de dollars pour des changements de sexe et le « militantisme LGBT » au Guatemala
  •    6 millions de dollars pour financer le tourisme en Égypte
  •   Des centaines de milliers de dollars pour une organisation à but non lucratif liée à des organisations terroristes désignées, même APRÈS qu’un inspecteur général a ouvert une enquête.
  •     Des millions de dollars à EcoHealth Alliance, qui a participé à des recherches au laboratoire de Wuhan (mondialement connu depuis la crise de la COVID).
  •     « Des centaines de milliers de repas destinés à des combattants affiliés à Al-Qaïda en Syrie.
  •     Financement de l’impression de contraceptifs “personnalisés” dans les pays en développement
  •     Des centaines de millions de dollars pour financer “des canaux d’irrigation, du matériel agricole et même des engrais utilisés pour soutenir la culture sans précédent du pavot et la production d’héroïne en Afghanistan”, au profit des talibans.

mardi 4 février 2025

Étude : la plupart des partis politiques traditionnels sont beaucoup plus favorables à l'immigration que la majorité de leurs électeurs

Résumé : selon une étude,la plupart des partis politiques traditionnels sont beaucoup plus favorables à l'#immigration que la majorité de leurs électeurs ...Sur presque toutes les questions culturelles, telles que le multiculturalisme ou les relations hommes-femmes ...les électeurs sont plus conservateurs que leurs députés.

 La montée des partis dits « populistes » de droite se poursuit dans les pays occidentaux, et nombreux sont ceux qui s'interrogent sur la manière dont les partis traditionnels pourraient y répondre. Cette situation s'explique en partie par le fait que les partis politiques ne parviennent pas à répondre à l'opinion des électeurs sur l'immigration par des mesures politiques.

L'Allemagne en est un bon exemple. En 2013, elle ne comptait aucun parti identitaire de droite notable. L'Alternative pour l'Allemagne (AfD) existait déjà, mais elle n'était pas fortement anti-immigration. Toutefois, l'immigration en Allemagne était en augmentation.

Avant 2013, plusieurs centaines de milliers de demandeurs d'asile originaires d'Afrique et du Moyen-Orient entraient chaque année dans le pays. De nombreux Allemands souhaitaient une diminution de l'immigration, mais les partis politiques allemands ne proposaient pas de politiques correspondantes. L'opinion publique et les celle des parlementaires divergeaient déjà.

Pour mesurer ce désaccord, les chercheurs ont posé la question suivante à des échantillons représentatifs de parlementaires allemands et de citoyens ordinaires en 2013 : « L'immigration des étrangers devrait-elle être plus facile ou plus difficile ? »

Ils avaient le choix entre 11 réponses, allant de « 0 - l'immigration des étrangers devrait être beaucoup plus facile » à « 10 - l'immigration des étrangers devrait être beaucoup plus difficile ».

Les résultats montrent que la plupart des Allemands souhaitaient restreindre l'immigration en 2013. Malgré cette demande du public, la quasi-totalité des parlementaires des quatre grands partis souhaitaient faciliter l'immigration.

Attitudes à l'égard de l'immigration en 2013 :

Évolution du fossé de représentation sur la question de l'immigration. L Guenther, CC BY-ND

Deux ans plus tard, en 2015, la crise des réfugiés a commencé. En l'espace de quelques années, deux millions de demandeurs d'asile sont entrés en Allemagne. En réaction, les Allemands ont considéré l'immigration comme une question de plus en plus importante et ont de plus en plus voté en fonction de leur attitude à l'égard de l'immigration. La plupart des Allemands souhaitant une diminution de l'immigration, la demande d'un parti anti-immigration s'est accrue.

Au cours de cette période, l'AfD a modifié son programme politique pour devenir le seul parti allemand à réclamer clairement une diminution de l'immigration. L'AfD est ainsi devenu le seul parti à représenter la volonté de nombreux Allemands sur la question qu'ils considèrent comme la plus importante.

Attitudes à l'égard de l'immigration en 2017 :

Comment le fossé de représentation est apparu sur l'immigration. L Guenther

De ce point de vue, il n'est pas surprenant que l'AfD ait fortement augmenté sa part de voix lors des élections de 2017 et soit devenu le premier parti à la droite des conservateurs à entrer au parlement fédéral.

Dans le cadre de ses recherches, l'auteur a constaté que des tendances similaires se manifestent dans toute l'Europe. Dans 27 pays, la plupart des grands partis politiques sont beaucoup plus favorables à l'immigration que ne l'exigent la majorité de leurs électeurs et de leurs citoyens.

L'écart de représentation n'est pas seulement systématique d'un pays à l'autre, mais aussi d'une question politique à l'autre et d'un sous-groupe d'électeurs à l'autre. Sur presque toutes les questions culturelles, telles que le multiculturalisme ou les relations hommes-femmes, j'ai constaté que les électeurs sont plus conservateurs que leurs parlementaires.

Dans toute l'Europe, la différence entre l'électeur moyen et le parlementaire moyen est aussi importante que la différence entre le parlementaire moyen conservateur et le parlementaire moyen socialiste.

Même les électeurs ayant le même niveau d'éducation, ou les électeurs bien informés sur la politique, sont beaucoup plus conservateurs sur le plan culturel que leurs représentants. Les immigrés eux-mêmes sont beaucoup plus opposés à l'immigration et au multiculturalisme que le parlementaire moyen.

Bien que ces écarts de représentation culturelle existent depuis longtemps, c'est l'augmentation de leur visibilité et de leur importance perçue qui contribue à la montée du populisme de droite. L'importance accrue de l'immigration en est le principal moteur.

L'un des principaux arguments des politiciens traditionnels contre les populistes est qu'une fois que les populistes arrivent au pouvoir, ils cherchent à établir des dictatures et à gouverner contre l'intérêt du peuple. Toutefois, cet argument sonne creux si les partis traditionnels ne sont pas disposés à reconnaître les questions considérées comme les plus importantes par les citoyens et à agir en conséquence.

Source: The Conversation

France — Deux records battus en 2024

Deux records battus en 2024:
  • 663.000 bébés nés en France, le chiffre le plus bas depuis 1945.
  • 336.700 premiers titres de séjour délivrés (immigration légale), le chiffre le plus haut depuis 1945.